La nouvelle est tombée comme un coup de massue. Le 28 octobre dernier, Jair Bolsonaro remporte l’élection présidentielle au Brésil pour le parti social libéral (PSL). Nostalgique de la dictature militaire de 1964-1985 (400 morts, des dizaines de milliers de personnes détenues et souvent torturées), Bolsonaro est aussi connu pour ses sorties violentes sur les femmes, les personnes racisées et les homosexuels. De quoi faire craindre le pire à la communauté LGBTI brésilienne, et notamment les femmes du sigle, régulièrement victimes de violences allant jusqu’au meurtre. Comment les personnes LGBTI ont-elles réagi à l’annonce de la victoire de Bolsonaro ? Et que craignent-elles exactement ? À trois semaines de son investiture, prévue le 1er janvier 2019, nous avons rencontré Laura Barcellar, éditrice, Gil, professeure d’anglais, Marta Della Chiesa, organisatrice de voyage et enfin Milena, Maria Clara et Suane, membres du groupe de recherche Lesbocidio. Par Mathilde Bouquerel. Extrait du dossier publié dans le numéro de novembre de Jeanne Magazine.

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Milena, Maria Clara et Suane, membres du groupe de recherche Lesbocidio

Nous étions déjà très inquiètes avant l’élection de Bolsonaro. Être LGBTI au Brésil, c’est vivre en attendant la prochaine agression, en particulier quand on fait partie des populations les plus vulnérables comme les personnes trans’ par exemple. La communauté LGBTI en particulier a peu de droits, et aucun n’est inscrit dans la constitution. Les conservateurs tentent régulièrement de détruire ce que nous avons conquis au fil des années. Quant aux droits lesbiens plus spécifiquement, ils passent bien après tous les autres. Nous ne sommes pas invitées dans les hautes sphères où se prennent les décisions, et nous sommes très peu représentées en politique, même parmi les femmes politiques et les mouvements LGBTI.

Mais la montée en puissance de Bolsonaro a rendu nos existences encore plus dangereuses. D’abord parce que c’était un fasciste qui prétendait accéder à la tête de l’État, et ensuite parce que les meurtres de lesbiennes sont devenus quelque chose de courant, presque normal. Être lesbienne au Brésil en 2019 va être une sacrée épreuve de survie et d’endurance !

D’abord, il y a toutes ces manifestations de haine individuelles disséminées au quotidien : insultes, discours de politiques, aliénation des minorités et attaques contre les droits humains. Mais il y a aussi le risque de destruction de toutes les politiques publiques favorables aux minorités. Le tout dans un contexte d’appauvrissement de la population, de poussées des actes LGBTI-phobes et racistes et d’actes violents de moins en moins réprimés.

Bien sûr il existe de nombreuses associations et collectifs vers lesquelles les personnes LGBTI peuvent se tourner. Mais elles sont débordées et elles manquent de plus en plus cruellement de financements. La mobilisation autour des problématiques lesbiennes est très faible par exemple, comme nous le disions. Ces structures survivent comme elles peuvent, principalement grâce aux aides internationales. Mais, entre autres problèmes, ce n’est pas suffisant…

www.lesbocidio.com

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