Porte-parole de l’association Bi’Cause, Valérie Baud, nous présente Possibles, un roman initiatique, qui retrace le parcours d’Aurore, une jeune femme en quête d’identité. De rencontres en questionnements, l’héroïne met en lumière des vies invisibles, méconnues et explore les possibles d’une vie déverrouillée, émergence de son émancipation vers une bi- et pan-sexualité. Extrait de la rencontre publiée dans le numéro de mars de Jeanne Magazine.

Possibles est votre premier roman.Un roman initiatique sur le parcours d’une jeune femme qui se découvre bisexuelle. Quelle en est la genèse ? Mes actions auprès de Bi’Cause m’ont fait découvrir tellement de vies cachées, de mal-être, d’invisibilité, j’ai voulu écrire ces vies. J’ai voulu écrire l’histoire d’une libération, Aurore mon héroïne s’affranchit de la norme, des tabous, et ose vivre sa vie telle qu’elle est et comme la vie la surprend. C’est un livre sur la beauté de l’Amour à inventer sa vie comme nous sommes.

En 2013, vous étiez revenue sur votre parcours dans Pérégrinations d’une femme bi, un texte publié sur le site de l’association Bi’Cause. En quoi avez-vous puisé dans votre expérience personnelle pour écrire Possibles ? Je me suis questionnée sur mon identité, je me suis rendu compte à quel point la bisexualité et la pansexualité étaient méconnues et je ne connaissais aucune histoire, aucun roman qui traitait de ces sujets clairement et sans entrer dans une certaine caricature ou simplification. En militant auprès de Bi’Cause, je me suis rendu compte de toutes ces vies invisibles et des dégâts que cela peut causer, alors, j’ai décidé d’écrire l’histoire que j’avais envie de lire et que je ne trouvais nulle part. J’ai voulu mettre en lumière, rendre visibles toutes ces vies croisées, alors j’ai choisi de raconter la vie d’Aurore, une femme, et tellement d’autres qui s’y reconnaissent.

Vous écrivez dans votre roman « ce qui m’oblige à me définir c’est bien le regard des autres et la peur de leur jugement ». Quelles sont les principales idées reçues sur la bisexualité qui perdurent ? Les stéréopypes sont nombreux, déjà niés bien souvent dans leur façon d’être avec des commentaires du type : « ça va te passer, ce n’est rien, tu ne sais pas ce que tu veux. » Souvent considéré comme un effet de mode cela n’arrange rien. Le dernier rapport de SOS Homophobie est alarmant, oui la biphobie existe et les témoignages sont accablants. Les bi et pan souffrent des mêmes rejets que l’homophobie avec en plus une négation de leur existence, c’est sournoisement d’une extrême violence. Alors pour changer les mentalités bien modestement, j’ai pris la plume pour au moins que les lectrices et lecteurs se questionnent. Oui, il faut sortir du cliché de la binarité homo ou hétéro, la sensibilité humaine est plus vaste et peut être fluide dans le temps. Et votre magazine contribue à faire changer les mentalités, le dossier complet publié en septembre 2017 permettait aux femmes bisexuelles d’être en visibilité. (…)

Dans Possibles, vous abordez également un thème peu abordé dans les romans : le polyamour et « la possibilité de vivre en parallèle plusieurs relations intimes ». En quoi cela était-il important pour vous d’intégrer cette notion dans votre roman ? J’ai croisé des personnes qui vivent ainsi, c’est une possibilité d’équilibre pour certaines personnes et peu importe l’orientation sexuelle, mon roman questionne l’Amour il n’est pas réservé à une partie de la population, il parle des frontières, amour ? amitié ? amours plurielles ? Dans un monde si violent, l’amour plus vaste, serait-il si transgressif ? J’ai beaucoup écouté les échanges des café-poly, voilà des personnes qui cherchent à trouver un équilibre avec une certaine éthique, un respect et une écoute de l’autre qui interroge l’amour.

Retrouvez l’intégralité de cette rencontre dans le numéro de mars de Jeanne MagazineEn vous abonnant à Jeanne, vous permettez à votre magazine 100% lesbien de continuer à vous proposer 90 pages de contenu exclusif chaque mois !