L’association Genre et ville agit avec des collectivités territoriales pour combattre les discriminations, notamment de genre, dans l’espace urbain. Par Mathilde Bouquerel. Extrait de l’article publié dans le numéro de mai de Jeanne Magazine.
Des triangles faits de blocs de pierre, portant les noms de personnalité comme Maria-Magdalena ou Simone de Beauvoir. Le 1er juillet dernier, vous êtes peut-être passé.e.s devant cette étrange installation sur la place du Panthéon à Paris. Son objectif ? Inscrire face à un monument dédié aux « grands hommes » français, les noms de « grandes femmes », trop rares au Panthéon (4 seulement, pour 76 de leurs homologues masculins). Le projet fait partie des « MonumentaLEs », l’un des grands chantiers menés par l’association Genre et ville. A l’origine de sa création, en 2012, il y a deux amies et militantes du groupe d’action féministe La Barbe : Pascale Lapalud et Chris Blache. « On avait envie de transformer notre engagement en actions concrètes », raconte cette dernière. L’une est urbaniste, l’autre anthropologue urbaine. C’est donc tout naturellement qu’elles orientent leur action vers l’aménagement du territoire et plus précisément la ville.
De l’analyse à l’action locale
Pour cela, elles fondent une structure que Chris Blache définit comme think tank (groupe de pensée, d’analyse) et do tank (groupe menant des actions) : « Dans un premier temps, nous étions plutôt orientées sociologie pour comprendre les enjeux. Puis nous sommes passées à une phase plutôt urbaine, en agissant avec les collectivités territoriales… Même si nous continuons bien sûr à faire de la recherche, parce que nous voulons continuellement innover. » Pour l’Agence nationale de rénovation urbaine (ANRU), l’association a par exemple produit le programme PaSaGEs (Programme d’Actions Sensibles au Genre et Espaces) dans plusieurs villes dont Villiers-le-Bel. L’idée est de comprendre où se situent les inégalités dans l’espace urbain (école, terrains de sports, cafés, centres culturels, etc.) et comment y remédier. « Nous avons produit un cahier des charges, une sorte de mode d’emploi pour rendre la ville égalitaire, qui fait référence au niveau national. Avoir une institution comme l’ANRU derrière nous, c’est un formidable levier pour faire changer les choses », explique Chris Blache. Dans sa partie think tank comme do tank, Genre et ville a un leitmotiv : la transversalité. Dans son analyse des inégalités territoriales tout d’abord. L’association veut en effet prendre en compte toutes les discriminations dans l’espace urbain : en raison du genre mais aussi de la couleur de peau, de l’orientation sexuelle, de la classe sociale, du handicap, etc. Chris Blache développe : « Pour forcer un peu le trait, on peut être à la fois une femme, lesbienne, noire, âgée et vivant dans un quartier défavorisé. Il y a donc un mille-feuille de discriminations qu’il faut traiter simultanément si l’on veut être efficace. » Transversalité également dans le mode d’action, puisque Genre et ville agit à la fois sur l’aménagement du territoire avec les collectivités territoriales et auprès des habitant.e.s en organisant des ateliers créatifs, des marches exploratoires, des rencontres, etc. Ce mélange de disciplines est au fondement de la création de l’association. « Nous voulions appuyer notre démarche sur trois piliers : urbanisme, ethnologie-sociologie et art », affirme la cofondatrice, « La présence d’artistes nous permet de ne pas seulement se demander ce qui ne va pas dans tel ou tel quartier (les sempiternels problèmes de saleté, de poubelles, de rats) mais aussi de relever positivement comment on s’y sent, ce qu’on y voit, ce qu’on y touche, … C’est le cas de nos marches sensibles par exemple. »
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