Promouvoir la diversité et l’inclusion dans le monde du théâtre constitue une composante essentielle de La Sticomiss. Dans le cadre du prochain Festival Off d’Avignon en juillet, la compagnie de théâtre présentera son spectacle, Erreur 404, qui explore quatre parcours de vie de personnes LGBT+. Pour en savoir plus sur le travail de la compagnie, Jeanne a rencontré l’équipe de La Sticomiss. Extrait de la rencontre publiée dans le numéro 108 de Jeanne Magazine.

Pouvez-vous nous présenter la compagnie de théâtre La Sticomiss, ses membres, et revenir sur les motivations à l’origine de sa création ? La Sticomiss est une compagnie de théâtre et danse queer et féministe, basée à Pantin (93). Elle est dirigée par Anaïs Seghier et se compose d’une dizaine de membres : artistes, technicien·ne·s, administrateur·ice·s… En grande majorité de la communauté LGBT+ ! (…)

En quoi promouvoir la diversité et l’inclusion dans le monde du théâtre est une composante essentielle de La Sticomiss ? Quand Anaïs a fait son coming out lesbien, assez tardivement, c’est devenu primordial pour elle d’axer la compagnie sur ces questions. Ce tournant est passé par le recrutement d’interprètes LGBT+, pour jouer des personnages LGBT+ (mais pas que !), sous-représenté·e·s dans le spectacle vivant. Après les représentations publiques de la première version d’Erreur 404, on avait des personnes du public qui venaient nous dire « Merci, ça fait du bien de voir des gens qui nous ressemblent, de voir des bouts de nos vécus, au premier plan de l’histoire ». Évidemment, le spectacle représente des parcours de personnages, et ne se veut absolument pas exhaustif pour représenter les queers (ce serait impossible !) ; mais cette visibilité nous tient à cœur, parce que c’est ce qu’on aurait aimé voir nous quand on a commencé à aller au théâtre.

Parmi les pièces que vous avez créées, votre spectacle intitulé Erreur 404, mis en scène par Anaïs Seghier, offre un regard sur le parcours de vie de 4 personnes LGBT+ avec ce qu’il réserve de questionnement personnel ou de LGBTphobie. Pouvez-vous revenir sur la genèse de cette création artistique et sur les messages que vous souhaitez transmettre ? Le premier spectacle d’Anaïs s’appelait TW. C’était avant son coming out, c’était un brouillon de ses idées féministes et c’était un peu un spectacle pour se faire la main à la mise en scène. Ce spectacle-là s’est arrêté, pendant un an Anaïs n’a été qu’interprète pour d’autres compagnies, et puis elle a fait son coming out et s’est dit : « je suis amoureuse, je veux reprendre TW mais en changeant le texte, les interprètes, et la scénographie ! » C’est comme ça qu’est né un tout nouveau spectacle, Erreur 404 ! L’idée, c’était de montrer comment le virtuel affecte les relations sociales, familiales et amoureuses, de personnages vivant des discriminations LGBT-phobes ou sexistes. Ce qui nous intéresse c’est de donner du sensible au discours politique : montrer que derrière un écran, on a de vraies personnes qui souffrent, soit de ne pas réussir à relier les aspects de leur vie de part leur sexualité ou leur genre, soit du harcèlement qu’elles subissent et qui mettent à rude épreuve leurs vies amoureuses lesbiennes. C’est aussi montrer des gens qui doutent, qui se découvrent, qui s’aiment. Du drama peut-être, mais avec de l’humour, de la danse, des néons et de belles images !

Vous exportez votre message de tolérance et d’acceptation hors des salles de théâtre avec, notamment, l’organisation d’ateliers auprès des jeunes en milieu scolaire. Pouvez-vous nous en dire plus ? Quels sont les retours des jeunes qui assistent à ces ateliers ? Depuis 2018, on fait des ateliers-théâtre de sensibilisation à la lutte contre les LGBT-phobies et le sexisme dans les collèges et les lycées. Concrètement, nous commençons les ateliers avec des outils d’éducation populaire : jeux et débats entre les jeunes pour définir les différences entre les notions « Sexe », « Genre » et « Orientation sexuelle ». Ce premier temps est nécessaire car il y a une grande confusion entre homosexualité et transidentité dans les établissements qu’on fréquente. Ensuite, les jeunes réutilisent nos méthodes d’écriture théâtrale : ils passent par l’improvisation pour créer des scènes de toutes pièces sur les thématiques qui les intéressent le plus. Ils et elles deviennent acteur·ice·s de l’atelier, dans tous les sens du terme, car c’est à leur tour de sensibiliser le public à l’homophobie, à la transphobie et au sexisme. C’est incroyable de voir les évolutions d’années en années, et d’une classe à l’autre ! (…)

Quels sont vos projets pour les mois à venir ? Le grand projet à venir, c’est que nous emmenons le spectacle Erreur 404 au Festival d’Avignon OFF du 7 au 28 juillet, au Théâtre de LaScierie ! C’est un très gros pari sur l’avenir, car c’est un investissement financier considérable, et une vitrine nécessaire pour rencontrer des programmateur·ice·s et diffuser le spectacle dans toute la France ! Pour ça, on a d’ailleurs lancé une cagnotte, car on a besoin d’un gros coup de pouce de 10 000€ environ ! (…)

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Photo ©Nathanaëlle Glatigny – Compagnie La Sticomiss
Lien cagnotte Proarti pour emmener Erreur 404 au festival d’Avignon en juillet 2023.

L’intégralité de la rencontre avec l’équipe de La Sticomiss est disponible dans le numéro 108 de Jeanne Magazine.

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