Nommé à quatre reprises au cours de la cérémonie des César 2021, Deux, le film de Filippo Meneghetti, qui raconte l’histoire d’amour entre deux retraitées, a reçu le prix du meilleur premier film. Choisi par la France pour la représenter dans la course aux Oscars, Deux fait partie des 15 finalistes du meilleur film étranger pour les Oscars. On attend avec impatience le 16 mars pour connaître la liste définitive des cinq finalistes et en attendant, nous vous invitons à (re)découvrir la rétrospective de Jeanne des films lesbiens les plus marquants sortis entre 2010 et 2020.

Kyss Mig d’Alexandra-Therese Keining (2012)
Au début de la décennie, il faut bien avouer que les romances lesbiennes à l’écran suivaient quasiment toutes le même schéma. Les femmes qui tombaient amoureuses d’autres femmes étaient au départ en couple avec un homme et cela ne manquait pas d’apporter son lot de drames et de relations non assumées. Kyss Mig ne déroge pas totalement à la règle, mais réussit pourtant à nous surprendre avec une histoire d’amour touchante et subtile entre Frida et Mia, deux femmes qui tombent follement amoureuses l’une de l’autre et qui décideront de suivre leur cœur au lieu de réprimer leurs sentiments.

The Duke of Burgundy de Peter Strickland (2015)
Dans un autre registre, The Duke of Burgundy évoque la relation trouble entre Cynthia et Evelyn, deux amantes qui s’adonnent à des jeux sadomasochistes dans une demeure isolée et luxueuse. Composé d’un casting exclusivement féminin, le film de Peter Strickland est visuellement splendide et teinté d’un onirisme particulièrement envoûtant. L’alchimie entre les deux actrices principales, Sidse Babett Knudsen et Chiara D’Anna, y est également pour beaucoup dans la réussite du film.

La Belle saison

La Belle Saison de Catherine Corsini (2015)
Carole (Cécile de France) et Delphine (Izïa Higelin) se rencontrent en 1971, alors que les luttes féministes prennent de plus en plus d’ampleur. La première est parisienne et en couple avec un homme et la seconde est une fille de paysans cherchant à s’émanciper. C’est leur histoire d’amour passionnelle que raconte Catherine Corsini dans La Belle Saison. La réalisatrice aborde d’ailleurs pour la première fois l’homosexualité de manière totalement assumée. Une façon pour elle d’évoquer en filigrane son histoire personnelle et de vivre ouvertement sa relation avec la productrice Élisabeth Perez.

Mademoiselle de Park Chan-Wook (2016)
En 2016, Park Chan-Wook porte à l’écran l’excellent roman de Sarah Waters, Du bout des doigts. Bien qu’il situe l’histoire en Corée et non dans le Londres de l’époque victorienne, le réalisateur parvient à garder l’essence du livre et propose un thriller captivant de 2h30 au suspense efficace et à la mise en scène travaillée. Les deux héroïnes se libèrent petit à petit de l’emprise des hommes qui les entourent dans un récit d’émancipation salvatrice.

CAROL

Carol de Todd Haynes (2016)
Carol s’est immédiatement imposé comme le chef-d’œuvre lesbien que l’on attendait plus. Adapté du roman de Patricia Highsmith, The Price of Salt, le film de Todd Haynes nous plonge avec brio dans cette histoire d’amour fortement contrariée qui se déroule dans une société américaine ultra conservatrice et peu encline à accepter la passion qui unit désormais Therese et Carol. Grâce à la sublime bande originale de Carter Burwell et les interprétations de Cate Blanchett et Rooney Mara, Carol est devenu ce film que toute lesbienne qui se respecte doit avoir vu au moins 10 fois (oui, au moins!).

Come as You Are de Desiree Akhavan (2018)
Desiree Akhavan évoque le problème des thérapies de conversion en adaptant le roman d’Emily M. Danforth, The Miseducation of Cameron Post. Cameron (Chloë Grace Moretz) est envoyée dans un camp par sa tante pour l’aider à « guérir » son homosexualité. Là-bas, la jeune fille fait la rencontre de Jane et Adam. Le trio va essayer tant bien que mal de s’affranchir des règles qu’on veut leur imposer et de retrouver leur liberté. Un film intelligent et essentiel.

Rafiki de Wanuri Kahiu (2018)
Rafiki crée d’abord l’événement, car il est le premier film kenyan à être sélectionné au Festival de Cannes. De plus, c’est un film qui raconte l’histoire d’amour entre deux femmes dans un pays où l’homosexualité est encore criminalisée. La réalisatrice a mis des années à trouver des financements et si le film a pu être montré un peu partout dans le monde, il a malgré tout été banni au Kenya. C’est donc un film important pour le message qu’il véhicule, mais aussi pour la beauté de ses images et de cette histoire d’amour qui veut braver les interdits de la société.

Désobéissance de Sebastián Lelio (2018)
Rachel Weisz et Rachel McAdams réunies dans un film lesbien, on n’osait pas vraiment y croire. Et pourtant, Sebastiàn Lelio a réuni les deux actrices dans Désobéissance, l’adaptation du roman du même nom de Naomi Alderman. Ronit et Esti tentent de s’aimer alors que la communauté religieuse dans laquelle elles ont grandi continue d’enfermer Esti dans un monde de traditions conservatrices et dépassées. Une belle romance dramatique comme on les aime.

Vita & Virginia de Chanya Button (2019)
Vita & Virginia est le récit de l’histoire d’amour bouleversante entre Virginia Woolf et Vita Sackville-West dans les années 1920. Chanya Button parvient véritablement à capturer cette découverte du désir chez l’auteure d’Orlando et son éveil à la sexualité. Gemma Arterton et Elizabeth Debicki forment un excellent duo qui évoluent dans un univers poétique troublé par la noirceur de l’âme de Virginia. Une excellente surprise.

Deux de Filippo Meneghetti (2020)
Filippo Meneghetti met en scène Nina et Madeleine, 70 ans, qui vivent depuis toujours une passion cachée. Deux est le récit d’un amour bouleversant que l’on a très rarement l’occasion de voir au cinéma. Cet amour a visiblement séduit le public et la profession puisque le film a été choisi pour être candidat à l’Oscar 2021 du meilleur film international.

Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma (2019)

Après Carol, la décennie nous a offert un deuxième chef-d’œuvre devenu classique parmi les classiques. Portrait de la jeune fille en feu marquait le retour tant attendu de Céline Sciamma derrière la caméra et nos attentes n’ont pas été déçues. Mise en scène aux allures de tableau, duo d’actrices – Adèle Haenel et Noémie Merlant – phénoménal, histoire d’amour qui a fait le tour du monde… Quoi, vous ne vous êtes toujours pas fait tatouer «  p.28  » sur le bras ?

Happiest Season de Clea Duvall (2020)
Pour finir, voilà un film que l’on attendait avec impatience. La première comédie romantique lesbienne de Noël, rien que ça. À la réalisation, Clea Duvall et devant la caméra, Kristen Stewart qui part affronter les vacances de Noël chez les parents de sa bien-aimée, Mackenzie Davis. C’est drôle, touchant et parfaitement rempli de bons sentiments. Pile ce qu’il nous fallait pour clôturer l’année. Le film, disponible en achat digital, en VOD, en DVD et en Blu-Ray.

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