« Comédienne, Iranienne et lesbienne« , c’est ainsi que se présente Dena qui cartonne avec son one-woman-show Princesse Guerrière. Pour Jeanne Magazine, l’humoriste revient sur son parcours et nous présente son spectacle engagé et émouvant dans lequel elle aborde librement son homosexualité et qu’elle s’apprête à jouer au Théâtre de la Toison d’Or à Bruxelles. Extrait de la rencontre publiée dans le numéro 100 de Jeanne Magazine.

Vous vous présentez comme “comédienne, Iranienne et lesbienne”. En quoi ces trois facettes bien distinctes définissent-elles celle que vous êtes aujourd’hui ? Je dirais que ces trois facettes font partie de multiples facettes sur une boule de disco, mais je les ai choisies car de un : c’est vrai (je suis une humoriste iranienne et lesbienne) et de deux : parce que je trouve mon profil plutôt original. Ce n’est pas tous les jours qu’on tombe sur une humoriste avec ses origines dans le Moyen-Orient qui parle ouvertement de son homosexualité. Mes sketchs ne sont pas controversés, mais mon profil l’est, surtout dans certains pays où je ne pourrais vivre librement telle que je suis. Aussi, la représentation est quelque chose d’important pour moi, alors si j’ai manqué de représentation quand j’étais ado, peut être qu’aujourd’hui je peux l’être pour d’autres. (…)

Quel est le message que vous souhaitez que les gens retiennent de vos interventions ? J’aime bien dire que je fais du “stand-up émotion”. Du stand-up où les blagues et les émotions sont inhérentes. J’aime que les gens se rendent compte que l’humour peut être quelque chose d’inclusif, de paisible, de léger, de bienveillant, de pertinent, tout en portant un message, et en gardant son degré d’hilarité et son caractère subversif.

Pouvez-vous nous parler du déclic dans votre vie qui vous a menée à l’humour et au stand-up ? Quel était votre chemin avant cela ? J’ai commencé par des études scientifiques (sciences biomédicales, puis médecine) pour arrêter brusquement, car même si j’étais douée, je ne me voyais plus là-dedans. Il y avait trop d’input et pas assez d’output. Après une année sabbatique j’ai pris la décision de faire des études de graphisme, pour le fun. Après avoir été diplômée, mon prof m’a conseillé de faire des études de théâtre, car clairement ma force n’était pas du tout dans le visuel, mais dans la performance. Je m’étais amusée à jouer le rôle d’une porte-parole d’une entreprise fictive pour laquelle j’avais créé l’identité visuelle; le rendu n’était pas ouf mais le personnage avait convaincu les profs de me donner suffisamment de points pour réussir mon année. J’ai donc participé à un examen d’entrée de théâtre, où j’étais dans les 8 derniers, pour finalement ne pas être acceptée, car j’étais “trop drôle”. Le jury m’a conseillé de me lancer dans le stand-up, et ça a commencé comme ça, directement le lendemain en m’inscrivant à un workshop, où il ne restait plus qu’une place. Je me dis que c’était le destin !

Dans chacun de vos projets, vous parlez ouvertement de votre homosexualité et de votre origine iranienne. Diriez-vous que cette affirmation est un acte militant pour soutenir toutes les femmes lesbiennes qui vivent actuellement en Iran et qui risquent leur vie ? Absolument. J’ai dû faire un choix entre faire le festival de Montreux ou pouvoir retourner en Iran. Je me suis dit que porter la voix de femmes oppressées était bien plus important. Je voulais absolument appeler ma vidéo Lesbienne Iranienne pour montrer qu’on existe. Et en même temps, ce titre est la raison pour laquelle je ne peux plus y retourner, car c’est interdit d’être homosexuelle là-bas. (…)

Quels sont vos projets pour les mois à venir ? Je joue mon spectacle dans la grande salle du Théâtre de la Toison d’Or à Bruxelles, théâtre devant lequel je passe depuis des années et où les grands tel que Guillermo Guiz, Alex Vizorek et Laurence Bibot sont passé·e·s, alors c’est un peu fou de m’y voir affichée ! Du 26 octobre au 12 novembre, alors si vous êtes à Bruxelles, venez !

@Denadivah sur Instagram

Retrouvez l’intégralité de notre rencontre avec Dena dans le numéro 100 de Jeanne Magazine.

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