LuD aime croquer en BD les travers, les quiproquos et parfois, le burlesque de la vie sexuelle des couples de femmes, mais toujours avec humour et dérision. Aujourd’hui, l’autrice nous présente Made in Love, son projet de BD version papier actuellement en cours de financement participatif. Extrait de la rencontre publiée dans le numéro de juillet de Jeanne Magazine.

Pouvez-vous vous présenter en quelque mots ? Je suis une femme que l’on peut définir de cis, blanche, lesbienne, maman, fille d’une mère géniale, végétarienne, engagée politiquement pour combattre toute les discriminations, écologiste convaincue, adepte de bienveillance, fan de bande dessinée, et de science fiction depuis très longtemps. Mes illustrations sont engagées même si elles sont parfois légères, burlesques, car je suis convaincue que l’on peut faire changer les choses, chacune, à nos petits niveaux.

Comment et quand avez-vous débuté vos premières planches de BD ? J’ai commencé à faire des bandes dessinées quand j’avais sept ans. J’ai d’ailleurs même créé un petit magazine (non, je ne concurrençais pas Jeanne ! dont l’unique abonnée était ma petite soeur. Dans ce magazine il y avait les chroniques de Zout, ma peluche préférée et son ennemi de toujours, Wrout… Ils vivaient des aventures épiques, tartignoles, à base de vie quotidienne d’enfants de sept et six ans. Passionnant ! J’ai débuté la BD quand j’ai découvert Dicentim le petit franc, dans Pif gadget ; je trouvais ça vraiment très drôle mais je pensais qu’il n’était pas juste que tous les auteurs de ces aventures qui me faisaient rire et découvrir le monde ne soient que des hommes. C’était la fin des années 80, soufflait un vent de révolte et d’émancipation féminine que je comprendrais plus tard, en lisant Brétecher, qui deviendra mon idole. (…)

Comment est née l’histoire de Made in Love ? Je dessinais régulièrement des planches qui contenaient des scènes d’amour, véritables captures de quotidien, et je me suis dit qu’il serait dommage de ne pas poursuivre l’exercice, compiler celui-ci dans une sorte de chronique qui donnerait à rêver, avec des choses réalistes mais jolies ; de l’amour au pluriel, sans censure, sans intervention oppressive, de manière inclusive, des vrais corps, des vrais nous. Cela manquait dans la BD et j’ai eu envie de lire ça, avant même de le partager.

Quels étaient vos objectifs quand vous avez construit et réfléchit les histoires de vos héroïnes ? D’agir pour la visibilité, et mieux encore, une visibilité positive, féministe, émancipée, sans tabou, inclusive, qui porterait, évidemment, des revendications qui sont les nôtres, qui agissent pour l’égalité, pour demain. Ce ne sont pas que des belles planches un peu excitantes, même si c’est excitant de voir de jolies planches, il y a plusieurs sens de lecture ; et un objectif qui n’est pas de juste montrer l’amour, de l’humour, bien que montrer l’amour c’est une belle manière de faire taire ceux et celles qui critiquent nos relations. C’est pour ça que j’adore cette petite citation de Bernard Werber : « l’amour comme épée, l’humour pour bouclier ».

Dans vos planches, vous abordez avec humour et dérision le quotidien des couples de femmes. Pensez-vous que la littérature LGBT peut faire évoluer les mentalités ? J’en suis totalement convaincue car il en faut des livres pour combattre de la violence, la méconnaissance, la haine discriminatoire. L’époque est à l’éducation. Ces mots ne sont pas de moi mais j’aurais pu les écrire cent fois, dans bien des contextes : « On ne combat jamais mieux qu’en ouvrant des livres. » Damien Saez – L’oiseau Liberté (j’adore cet artiste, petite parenthèse). Beaucoup on œuvré dans ce sens, je pense à Ralf König, à Claire Brétecher, Alison Bechdel, évidemment Julie Maroh, Pénélope Baggieu et tant, tant d’autres. (…)

Quels messages souhaitez vous faire passer à travers vos histoires ? Que la vie n’est pas binaire, que les relations n’ont pas un seul reflet dans la glace, que deux corps qui s’aiment c’est beau quelles que soient nos éducations, nos valeurs, et que nous portons en nous les valeurs de respect et de bienveillance dont aura besoin le monde de demain; qu’il faut oeuvrer pour la visibilité parce que c’est aussi ce qui nous aidera à obtenir de ceux*celles qui veulent nous faire du mal qu’ils*elles aient moins de poids dans les décisions politiques ; plus nous seront visibles et plus il sera difficile de nous rendre invisibles. Qu’il faut accepter, intégrer nos corps, ne pas leur faire violence, notamment par le biais de la grossophobie, l’handiphobie, la transphobie; que ce soit de notre propre chef comme par celui de la société. Tous les corps sont parfaits.

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Retrouvez l’article en intégralité dans le numéro de juillet de Jeanne MagazineN’oubliez pas qu’en vous abonnant à Jeanne, vous permettez à votre magazine 100% lesbien de continuer à vous proposer plus que 80 pages de contenu exclusif chaque mois !