Le 9 janvier dernier, Fatima Farradji et Marianne Vérité ont ouvert Au Bonheur des Dames à Toulouse. Une librairie indépendante, généraliste et engagée, qui fait la part belle aux ouvrages féministes et lesbiens. Pour Jeanne Magazine, le couple revient sur son envie de créer ensemble une librairie, sur l’émergence des ouvrages féministes de ses dernières années et nous livre ses recommandations en termes de littérature lesbienne. Extrait de la rencontre publiée dans le numéro 83 de Jeanne Magazine.

Vous venez d’ouvrir Au Bonheur des Dames à Toulouse. Pouvez-vous revenir les raisons et les motivations qui vous ont menées à la réalisation de ce projet ?
Marianne : Je suis une passionnée de la lecture depuis ma toute tendre enfance, et bien sûr mon adolescence avec une grande découverte pour le milieu de la bande dessinée et le roman graphique. Les rencontres culturelles et artistiques ont toujours jalonné mon parcours personnel et professionnel. Une grande rencontre amoureuse, sentimentale et très enrichissante m’a amené à franchir le cap de penser, d’imaginer vivre au milieu des livres, de rencontres, d’autrices, d’auteurs, d’artistes : celle de ma compagne pour me donner le second souffle, l’énergie de créer la librairie que nous voulons.
Fatima : Rate de bibliothèque, dévoreuse de la vie en livres avant de dévorer la vie en live. Diplôme Universitaire Médiathèque et Technologie, option littérature jeunesse, en poche, un livre en route toujours dans l’autre, des livres en vrac autour de moi, des dizaines entamés, achevés souvent, laissés en suspens parfois jusque l’avant-dernière page pour ne pas le quitter tout à fait… J’ai aussi évolué dans une bibliothèque rurale, nourrie de mes émancipations du moment, de mes rencontres, de celle avec Marianne. Et puis ce rêve de librairie, idée vague étouffée un temps puis étoffée du présent, d’hier et d’aujourd’hui… La rencontre d’idées, d’idéaux communs, la mise en création lente et réfléchie jusqu’Au Bonheur Des Dames, aujourd’hui.

Au Bonheur des Dames est une librairie engagée, féministe et indépendante. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ? La mise en avant des talents littéraires qui sont si souvent oubliés dans l’Histoire, celle que l’on nous conte depuis l’enfance gouvernée par des « valeurs » patriarcales comme si seuls les hommes faisaient l’Histoire. Notre choix reflète les luttes contre les discriminations en tout genre, l’égalité entre femme et homme, l’accès plein et entier aux droits pour tout.e.s, la visibilité lesbienne, le décryptage des stéréotypes de genre, de classe, d’identités multiculturelles… Nous avons à cœur de développer la mise en lumière de petites maisons d’éditions qui offrent des pépites littéraires à faire découvrir et partager. Nous avons à cœur de nous impliquer dans un quartier toulousain attaché à cette vie de proximité qui nous apporte un bon accueil très enthousiaste quant aux thématiques développées, en proposant une offre variée, diversifiée, généraliste et non exclusive. Nous voulons être un lieu d’accueil imprégné de nos couleurs et ouvert à toutes et tous. Enfin, notre volonté est de rester libres dans et de nos choix

De nombreux ouvrages féministes sont sortis ces derniers mois, comment expliquez-vous cette richesse et quels sont vos indispensables ? Nous pensons que c’est un phénomène global. L’évolution des mentalités et des mœurs amènent des changements importants. L’émancipation des femmes, leurs accès aux droits suite aux luttes des années 70 et 80 et d’après. Du côté des mouvements LGBT+, une visibilité de plus en plus forte avec l’arrivée du mariage pour tous en 2013. Depuis quelques années, la libération de la parole des femmes, mais aussi sa prise en considération comme avec le mouvement #MeToo font surgir une littérature de plus en plus abondante dans ce domaine. L’émergence de nouvelles maisons d’éditions à taille humaine et qui décident de prendre parti contre les stéréotypes sexistes comme Talents hauts éditions, Remue ménage, À pas de loup, montre un réel changement bien positif pour nous et une offre diversifiée et riche. Nos indispensables : Bell Hooks, Angela Davis, Marie Jo Bonnet, Michelle Perrot, Paula Dumont, Judith Butler, Monique Wittig, Gisèle Halimi, Françoise Héritier, Laure Adler, ou encore Mona Chollet, Virginie Despentes, des plus classiques, Colette, Georges Sand, Violette Leduc, Simone de Beauvoir…

Ouvrir cette librairie en couple a-t-il été dès le départ une évidence pour vous ? Ouvrir la librairie en couple s’est imposée comme une évidence, le projet a grandi et s’est nourri de l’une et l’autre. Deux cerveaux alimentent en permanence une création commune. Deux corps se réconfortent, se réénergisent et se stimulent pour une cause commune.

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Retrouvez la librairie Au Bonheur des Dames sur Facebook

Retrouvez l’intégralité de cette rencontre dans le numéro #83 de Jeanne Magazine.

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