En juillet dernier, Dalia AlFaghal est devenue selon ses propres termes « la lesbienne la plus détestée d’Egypte », après avoir rendue publique sa relation avec une femme sur Facebook. Insultée et menacée de mort par des internautes suite à ce coming out, elle est depuis un exemple pour toutes les lesbiennes d’Egypte. Extrait de la rencontre publiée dans le numéro de janvier de Jeanne Magazine.

Vous avez vécu un été 2017 particulièrement mouvementé après avoir posté sur Facebook que vous étiez en couple avec une femme et que votre père acceptait votre relation. Vous êtes alors devenue, comme vous le dites vous-même, « la lesbienne la plus détestée d’Egypte ». Pouvez-vous revenir sur cette période ? Oh oui, je me rappelle très bien lorsque j’ai annoncé la nouvelle à mon père. Je lui ai dit au téléphone que j’étais en couple avec une femme. Il n’avait jamais accepté l’idée de près ou de loin, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais un jour, j’imagine que les choses avaient évolué avec le temps, j’ai été absolument stupéfaite qu’il me félicite pour ma relation en commentaire sur mon profil Facebook. J’avais besoin de le remercier pour cette attention et je voulais partager cela avec les gens qui me suivent sur internet pour donner de l’espoir. Je l’ai donc fait, et le lendemain matin lorsque je suis allée sur internet, je me suis rendu compte que mon histoire était devenue virale et qu’elle était partagée par de nombreux sites, et ce n’était qu’un début !

En effet, ce n’était qu’un début puisque vous êtes devenue en une seconde, un exemple pour toutes les lesbiennes d’Egypte (et probablement aussi pour les pays de la région) aussi bien que la cible de menaces de mort. Comment l’avez-vous géré vous et votre famille ? Mon père a été présent à mes côtés tout au long de cette période et jusqu’à ce que les choses se calment. Il m’appelait tous les jours pour vérifier que j’allais bien et me rassurait en me disant que tout allait bien se passer. Fort heureusement, mon père a rapidement changé ses paramètres de confidentialité sur les réseaux sociaux, personne n’a donc pu le joindre. Il faut dire pourtant qu’il n’a pas pris les menaces de mort très au sérieux, mais en ce qui me concerne, j’étais affolée. Je continuais de voir défiler sur internet des vidéos parlant de moi, de ma famille. Des vidéos qui disaient que nous devrions, mon père et moi, être internés ou alors aller en prison, et ces vidéos passaient à la télévision nationale ! (…)

Pour en revenir à votre père, savez-vous ce qui lui a permis de changer d’avis et d’accepter votre couple avec une autre femme ? Franchement, je ne sais pas exactement ce qu’il s’est passé pour que mon père finisse par accepter mon homosexualité. Ce que je sais, c’est que ce processus d’acceptation a été plutôt long puisque cela s’est étalé sur une période de 8 ans environ. Et pendant toutes ces années, j’ai beaucoup essayé de discuter avec lui, d’être là pour lui, de rester en contact avec lui, surtout lorsqu’il était malade. Alors aujourd’hui je me dis que peut-être il a fini par réaliser qu’après tout, il est mon père et qu’il ne peut pas me haïr ni me punir pour simplement être celle que je suis.

Vous étiez investie dans la cause LGBT puisque quelques années auparavant, vous aviez créé Solidarity with Egypt LGBTQ+. Pouvez-vous nous en dire plus ? J’ai lancé Solidarity with Egypt LGBTQ+ il y a quelques années, en 2014, avec d’autres personnes LGBTQ, des professionnels et des militants qui souhaitaient mettre la lumière sur la situation des LGBTQ+ en Egypte. (…)

Pensez-vous que la société égyptienne est prête à accepter les personnes LGBT ? Je pense, en effet, que cela va arriver plus vite qu’on ne le pense. Je pense que plus les personnes oseront faire leur coming out et oseront parler de leur parcours, de leurs peurs, de leurs traumatismes, et de leurs réussites, plus la jeunesse LGBTQ+ du pays se dira qu’il y a un moyen de sortir de ces peurs et qu’il y a un espoir pour un avenir plus positif.

(…)

Retrouvez l’interview en intégralité dans le numéro de janvier de Jeanne MagazineN’oubliez pas qu’en vous abonnant à Jeanne, vous permettez à votre magazine 100% lesbien de continuer à vous proposer plus que 80 pages de contenu exclusif chaque mois !