La Suède est l’un des pays au monde où les droits des personnes LGBT sont les plus en avance. Française vivant dans ce magnifique pays depuis 8 ans, Virginie Garcia, photographe et directrice d’un quotidien online d’information générale à Stockholm, a voulu donner la parole à des couples de femmes suédoises afin qu’elles témoignent de leur parcours pour fonder une famille. A travers leurs histoires c’est toute une société avant-gardiste qui est dépeinte, un monde où les préjugés certes existent mais cohabitent très mal avec l’esprit nordique où chacun doit respecter l’autre sans empiéter sur ses droits. C’est donc une série de rencontres que Virginie vous propose de suivre dans Jeanne Magazine. Extrait de la rencontre publiée dans le numéro de décembre de Jeanne Magazine.

Ma rencontre avec Elin et Marika – J’ai senti dès la poignée de mains que cette rencontre allait tenir toutes ses promesses. Elin, presque 30 ans dégage le charisme de la femme suédoise, libre et extravertie. Son sourire et le timbre de sa voix collent parfaitement avec son ventre déjà bien rond de future maman… Marika, son épouse, 28 ans, est plus réservée mais sa modestie et sa retenue laissent filtrer une grande maîtrise de soi qui rassure et par là même délasse. Nous nous asseyons dans les salons confortables du Sheraton et commençons cette discussion comme si nous nous connaissions depuis des mois. 

Comment vous êtes-vous rencontrées ?
Elin : Nous nous sommes rencontrées en 2011 chez une amie. Cette dernière a donné mon numéro de téléphone à Marika et lui a dit « appelle-la ! ». Nous avons échangé d’abord par sms puis parlé longuement au téléphone.
Marika : Oui, une longue semaine avant de se revoir !
Elin : Puis nous nous sommes revues au restaurant et notre histoire a officiellement commencé.

Peut-on parler de coup de foudre ?
Elin et Marika : Absolument !
Elin : Tout est allé assez vite finalement. Nous avons acheté notre appartement, puis nous nous sommes mariées un an plus tard le 12 juillet 2013 à la mairie de Stockholm, et là les vraies questions sur le fondement de notre famille, avoir un enfant, se sont alors posées comme une évidence.
Marika : Nous n’avions absolument aucune idée de la procédure, vers qui nous devions nous tourner.

Aviez-vous déjà pensé à fonder une famille, avoir un enfant avant de vous rencontrer ?
Marika : Pas en ce qui me concerne. Je pense qu’Elin était déjà plus avancée que moi dans cette idée.
Elin : Oui, le désir d’enfant a toujours été présent chez moi, bien avant que nous nous rencontrions. Mais c’était très flou sur le « comment ». Avec Marika j’ai tout de suite su que ce serait avec elle, avec un donneur anonyme, il ne manquait plus qu’à nous tourner vers les bonnes personnes.

Donc vous n’aviez aucune idée de la procédure pour avoir accès à la PMA en Suède ?
Elin : Non absolument pas. Nous savions qu’elle existait, qu’elle était légale, c’est tout. Nous avons alors appelé la sage femme de l’organisme Mama Mia [NDLR : Mama Mia est le plus grand service privé scandinave de soins vers les femmes et jeunes enfants.] et demandé « bonjour, nous sommes Elin et Marika, nous voulons avoir un enfant, quelle est la procédure ? ». Nous avons alors eu un premier rendez-vous. Marika a signé les papiers qui font qu’elle a les mêmes droits que moi sur l’enfant, qu’elle est l’autre « parent » et qu’elle ne peut donc pas en cours de procédure changer d’avis et se dégager de ses responsabilités de maman. J’avoue que c’est quand même très rassurant ce système en Suède, de savoir que nous avons exactement les mêmes droits elle et moi, que nous ne sommes pas obligées comme c’est le cas dans certains pays de passer par la case adoption puisque nous avons suivi la procédure légale et officielle ! Nous avons par exemple un couples d’amies qui a fait cela en privé, à la maison avec un ami donneur. Le problème qui se pose maintenant c’est que la maman qui n’a pas porté l’enfant doit passer par la procédure de l’adoption, c’est un stress et une dépense d’énergie inutiles. Une fois les papiers officiels signés la procédure s’est mise en route naturellement. (…)

(…)

Comment tout cela est-il perçu dans votre entourage professionnel d’abord que vous soyez un couple homosexuel et qu’en plus vous fondiez une famille ?
Marika : Très bien ! J’ai toujours été ouverte sur ma sexualité que cela soit quand j’étais militaire ou aujourd’hui dans le monde de la sécurité, deux milieux pourtant dominés par les hommes. Mais les choses se passent très bien. Je pense que cela vient du fait que c’est beaucoup moins tabou depuis quelques générations. Les vedettes et stars du petit écran, les hommes et femmes politiques qui ont fait leur coming out il y a quelques années en Suède ont beaucoup aidé en rendant la chose anodine. C’est plutôt le fait d’être contre, voire d’y trouver simplement quelque chose de bizarre qui est considéré comme étrange dans notre pays ! Mon chef m’a toujours dit que je pouvais par exemple partir du travail quand je le voulais si cela était nécessaire pour les examens pendant la grossesse.
Elin : Idem de mon côté. Je travaille comme aide soignante dans une clinique qui aide les enfants et les jeunes atteints de démence et je n’ai jamais ressenti quoi que ce soit qui m’excluait concernant mon orientation sexuelle.

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Retrouvez la rencontre avec Elin et Marika en intégralité dans le numéro de décembre de Jeanne MagazineN’oubliez pas qu’en vous abonnant à Jeanne, vous permettez à votre magazine 100% lesbien de continuer à vous proposer 90 pages de contenu exclusif chaque mois !