Delphine Aslan, caviste de formation, sommelière et militante féministe nous présente les ateliers « Oenologouine », un concept qui lie découverte des vins, partage et féminisme. Extrait de la rencontre publiée dans le numéro de mai de Jeanne Magazine.

Quelles sont les valeurs que vous souhaitez partager avec Oenologouine ? Le féminisme, d’abord, raison pour laquelle d’ailleurs on n’y déguste que des vins de vigneronnes, parce que j’ai envie de leur faire de la pub. L’écologie et le « bien boire » : je ne fais déguster que des vins en biodynamie et/ou natures. Les participantes sont souvent super étonnées d’apprendre à quel point il est autorisé de trafiquer les vins, ceux qu’on achète un peu partout dans les supermarchés… Si certaines ressortent avec l’envie de faire plus attention à leurs achats de bouteilles (ce qui ne veut pas forcément dire se ruiner !) j’ai tout gagné. La non-mixité : j’ai aussi créé Oenologouine parce qu’on se sent super bien entre nous ! La communauté n’a pas toutes les vertus mais ça a été pour moi un soutien, parfois un refuge. La non-mixité est super importante pour se sentir bien. Et enfin la simplicité : pas besoin d’employer plein de mots compliqués et pompeux, et puis surtout quand on goûte il n’y a pas de vérité absolue, par exemple tu as le droit d’aimer ou pas le vin qui est dans ton verre sans te faire juger par les autres. On n’a pas toutes les mêmes sensibilités, mais par contre il faut apprendre à les exprimer.

Concrètement, comment se passe un atelier ? Comment trouvez-vous les vins à présenter ? Les ateliers se déroulent autour d’une grande tablée, on est une quinzaine environ. Chacune a deux verres, les bouteilles arrivent au fur et à mesure, on s’en verse un peu et on goûte ensemble, on apprend à sentir, déguster, et à en parler. Ça donne lieu à beaucoup d’échanges, et je distille les infos sur la façon dont les vins sont faits, sur les appellations, les cépages… J’essaie de répondre à toutes les questions. J’annonce toujours 2h, 2h30 d’atelier mais comme je suis bavarde ça dure plutôt 3h30-4h. A la fin tout le monde est un peu pompette, on finit les bouteilles et le fromage, on discute, plus personne n’a envie de m’écouter et ça tourne plus à l’apéro qu’autre chose ! (…)

La fondatrice de l’association « So Femmes et Vin » nous expliquait dans un précédent numéro combien ce monde pouvait être viriliste. En quoi pensez-vous qu’il est primordial de pouvoir se réapproprier le monde du vin et de la viticulture en tant que femme ? Quand on est une meuf on comprend vite que la société essaie de nous limiter les horizons dans plein de domaines. Le monde du vin ne fait pas exception, parce que culturellement en France le savoir sur le vin et sa consommation sont l’apanage des hommes (historiquement c’est assez récent d’ailleurs, c’est marrant). Quant à la viticulture c’est comme pour l’agriculture en général : ce serait des métiers « de bonhomme ». Va falloir que les mecs se posent la question de leur rapport maladif à la virilité, mais bref ! Du coup je pense surtout qu’il est primordial que les meufs se réapproprient TOUS les domaines, et comme le mien c’est celui du vin, j’essaie de mettre ma petite pierre à l’édifice. (…)

Faut-il s’y connaître déjà un peu en vin pour assister aux ateliers ? Non pas du tout ! Pour l’instant j’ai vraiment pensé les ateliers pour les non-initiées : on part de la base. Si j’ai de vraies amatrices qui savent déjà déguster et qui veulent approfondir je peux imaginer un atelier sur mesure. Mais dans ce cas, pas sûre qu’elles aient besoin de moi…

Retrouvez toute l’actualité et la date des prochains ateliers sur la page Facebook d’Oenologouine | Photos : ©Marion Blin/Oenologouine

Retrouvez l’intégralité de cette rencontre dans le numéro de mai de Jeanne MagazineParce que c’est un combat de tous les jours de faire exister durablement un magazine 100% lesbien et que seul votre soutien financier est décisif pour la pérennité de votre magazine 100% indépendant, nous vous invitons dès aujourd’hui à vous abonner, à acheter le magazine à l’unité, à précommander votre exemplaire papier du premier hors-série ou encore à vous faire plaisir dans la boutique de Jeanne !