Reine des platines, égérie de Jean-Paul Gaultier, jurée dans Drag Race… Barbara Butch est une artiste aux multiples talents. Le 29 septembre, elle sort son nouveau single – qu’on adore – intitulé Muy bien muy lesbienne. C’était l’occasion parfaite pour la rencontrer et lui parler de ses projets, de safe place, de militantisme et de Sara Forever. Extrait de la rencontre publiée dans le numéro 111 de Jeanne Magazine.

Le nom de ton nouveau single – Muy bien muy lesbienne – vient d’une phrase que tu as prononcée dans Drag Race France. Est-ce que tu t’es dit tout de suite que ça allait devenir un morceau ? À partir du moment où j’ai prononcé cette phrase et que je suis sortie du plateau, je me suis dit « il faut absolument que je fasse un morceau avec ça ». Ça s’est fait en quelques mois après l’enregistrement de l’émission, je l’ai produit avec mon ami id!r. Je l’ai déjà tenté fin juin à la Pride de Madrid mais ce n’était pas du tout le même morceau qu’aujourd’hui. Et là j’en suis hyper fière.

Tu prévois quoi pour la sortie du titre ? L’idée c’est de faire une release party Muy lesbienne. Si ça fonctionne, j’organiserai les soirées Muy lesbienne. Parce qu’on va appeler un chat, un chat. Une lesbienne c’est une lesbienne. Je ferai mixer que des gouines. Ça va prendre du temps mais ça va se mettre en place.

Tu as fait appel à La Rata pour la pochette du single. Tu as tout de suite pensé à elle ? Elle m’a écrit juste après la diffusion de l’épisode de Drag Race et je lui ai demandé si elle pouvait faire la pochette du titre. Elle m’a dit “je vais te la faire comme une carte de tarot et je vais y mettre des bonnes intentions”. Elle est tatoueuse, dessinatrice, graphiste. Elle a dessiné l’oracle rock de Virginie Despentes. Il y a un côté symbolique hyper fort.

Tu vas sortir ton premier EP en décembre. Tu peux nous en dire plus ? J’ai toujours eu envie d’en faire mais je me le suis jamais autorisé. En fait, je vais faire plusieurs EP. Là, ce sera celui d’hiver. Il y aura trois titres. C’est l’EP back to the club. On est sur un truc house, electro et toujours happy. Il y en aura un autre pour le printemps, ce sera celui qui va te suivre sur l’autoroute de tes vacances.

Dans la foulée, tu lances aussi Muy Lesbienne records. C’est quoi ton ambition avec ce label ? Comme je n’ai pas signé dans une maison de disques, je me suis dit qu’il fallait que je la monte moi-même. Je vois à quel point c’est galère quand t’es une meuf, de plus de 40 ans, qui ne rentre pas dans les normes. Je me suis dit que je n’allais pas attendre après les autres et que j’allais faire mon truc moi-même. Ça a toujours été ma philosophie de vie.
Avec le temps, j’aimerais que ce soit une question que les meufs qui me ressemblent ne se posent plus. En se disant : « on sait qu’il y a le label de Barbara, qu’il est safe et qu’on pourra signer chez elle ». Le but c’est d’arriver à aider et signer des artistes, peu importe leur âge d’ailleurs parce qu’il y a vraiment beaucoup d’âgismes dans l’industrie de la musique alors que franchement 40 ans ce n’est pas vieux.

C’était comment d’être jurée dans Drag Race ? C’était hyper impressionnant. C’est une émission que je regarde depuis tellement d’années que j’ai arrêté de compter. J’ai trouvé que la version française était hyper bienveillante. Le cast de la saison 1 était incroyable et a été reçu avec tellement d’amour et d’ouverture d’esprit de la part de beaucoup d’alliés aussi. Il y a plein d’hétéros qui ont découvert le drag et compris ce que c’était.
D’être appelée pour venir en guest sur la saison 2, c’était hyper émouvant pour moi. En plus, ça manquait cruellement de représentation lesbienne. Le « Muy bien, muy lesbienne », c’était pour marquer le coup d’être la first lesbienne sur le show. (…)

Tu as eu la chance de connaître le Pulp, club lesbien mythique de Paris. Tu te souviens de la première fois que t’es entrée là-bas ? Oui, je me souviens très bien. Je n’avais pas de copine lesbienne quand j’étais jeune et j’avais deux/trois copains pédés. Le Pulp était collé à un club gay qui s’appelait le Scorp. J’étais souvent au Scorp avec mes copains parce que je me sentais plus à l’aise. Un jour, j’ai décidé de franchir le pas et d’aller au Pulp. J’y suis allée seule et c’était la première fois que je voyais autant de lesbiennes au même endroit. C’était déstabilisant et très impressionnant. J’ai été aussi très vite happée par la qualité de la musique et c’est ce qui a fait ce que je suis aujourd’hui.
J’avais peut-être 18-19 ans et c’est une génération où on n’avait pas beaucoup de représentation, voire quasiment pas. Le mot lesbienne était très peu employé. Même encore aujourd’hui, on voit comment on parle des lesbiennes dans les médias. C’est toujours « les meilleures amies », « elles sont très très proches ». Ils ne disent jamais le mot. C’est pour ça aussi que le “Muy Lesbienne”, c’est un statement.

(…)


@barbarabutch – Photo : Laetitia Bica

Par Fanny Hubert

L’intégralité de la rencontre avec Barbara Butch est disponible dans le numéro 111 de Jeanne Magazine.

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