« Je ne trouverais jamais l’amour », « Toutes les femmes qui m’attirent sont hétéros », « À chaque fois que je tombe amoureuse, ça finit mal », « Je voudrais bien séduire mais, c’est trop compliqué pour moi »… Ces petites phrases assassines, les avez-vous déjà rencontrées dans vos pensées ?

Dès que vous rencontrez une femme attirante, à l’instant où vous vous apprêtez à faire le premier pas, les croyances limitantes sont là et vous paralysent totalement. Elles vous font commettre des maladresses ou bien sabotent toutes vos expériences.

Et oui, imaginez un monde où elles n’existent pas. Cette femme vous attire et il n’existe aucune pensée parasite qui vient perturber cette rencontre. Vous voyez seulement cette femme et vous vous dites qu’elle est attirante. Ou bien, vous ressentez l’envie de séduire une femme et, aucune petite voix ne vient vous embêter pour vous retenir.

Ne serait-ce pas une libération pour toutes vos actions à venir ?

Les croyances limitantes : des ennemies qui vous veulent du bien

Si les pensées vous empêchent d’agir, c’est que ce ne sont pas seulement des pensées. Comme un cheval de Troie, elles prétendent être vos amies pour forger une carapace qui vous empêchera de prendre des risques. Leur but premier est d’éviter le danger. D’être dans un environnement où rien de mal ne peut arriver.

Si certaines d’entre elles peuvent être bénéfiques, d’autres peuvent vous empêcher de vivre : les croyances limitantes.

Tout d’abord, elles recherchent les dangers dans l’expérience : la cause. Par exemple, si vous avez déjà vécu par le passé le rejet, elles ne vont pas apprécier se retrouver de nouveau face au rejet. Alors, elles vont identifier les situations où le danger pourra de nouveau se présenter, même si le risque est mineur et que c’était dans un contexte bien particulier. Elles vont ensuite construire une histoire pour vous empêcher de les vivre. Elles vont vous raconter des bobards.

Elles vont peut-être vous raconter que « Toutes les femmes sont hétéros ». C’est bien pratique parce que, ça leur permet de vous éviter de tenter votre chance, et les voilà bien rassurées. Malgré tout, vous pourriez avoir une petite lueur d’espoir et vouloir essayer. Alors là, elles seraient bien embêtées…

Elles vont donc chercher des preuves, des évidences, pour renforcer leurs histoires. Elles vont vous dire « Mais si, regarde, tous tes proches sont hétéros, donc les autres aussi ! », ou bien encore « La dernière fois, tu as craqué sur une femme, elle était hétéro… moi je dis ça, je dis rien ». Tout ce qui pourra renforcer leur histoire sera utilisé.

Lorsqu’elles auront renforcé suffisamment vos croyances, alors cela aura une conséquence directe sur vos comportements. Par exemple, vous allez arrêter d’espérer, arrêter de vouloir séduire. À chaque fois que vous rencontrerez une femme attirante et que vous découvrirez qu’elle est hétéro, cela renforcera votre croyance, qui l’utilisera comme preuve. Mais bien sûr, elle mettra sous silence toutes les situations où, soit ce n’était pas le cas, soit vous n’en aviez aucune idée. Plus une croyance limitante est forte, plus elle veut tendre vers le risque zéro.

Vous finirez alors par croire que vous ne rencontrerez jamais l’amour. Et cela sonnera votre défaite avant même d’avoir essayé de faire des rencontres. Voilà la puissance des croyances limitantes.

Mais ne nous laissons pas abattre. Aujourd’hui, je vous propose de prêter attention à certaines croyances limitantes lesbiennes qui vous empêchent de trouver l’amour. Et la prochaine fois, vous essaierez de repérer si les petites croyances limitantes n’essayent pas de vous mettre hors de danger…

Reconnaître les croyances limitantes

Avant de parler des croyances en elles-mêmes, il est bon de savoir d’abord comment on les repère. Il existe trois grands critères pour cela. Tout d’abord, la généralisation.

Les croyances limitantes sont des généralités. Elles évitent de prendre le chemin des nuances, des contextes, des exceptions. Cela facilite le boulot de nos petites travailleuses qui cherchent à vous éviter tout risque.

Cela donne : « Tout le monde…» « À chaque fois… », « Personne… », « Jamais… » « Toujours… ».

Si vos pensées commencent comme cela, il y a de fortes chances que ce soit des croyances limitantes.

Ensuite, les croyances limitantes cherchent à vous mettre des barrières. Elles trouvent des raisons de ne pas se mettre à l’action malgré votre désir de le faire. Cela donnerait : « Je voudrais bien [désir] mais [croyance limitante] ».

Enfin, elles sont persistantes. Ce sont des croyances qui vont revenir souvent dans votre expérience, qui vont se répéter et qui auront du mal à s’en aller. Plus elles se répéteront, plus elles se renforceront, comme une idée bien ancrée qui s’accentue parce qu’on la nourrit davantage.

Dans les échanges et coachings que j’ai pu avoir avec des femmes lesbiennes, un certain nombre de croyances limitantes se répétaient. Comme si elles s’étaient propagées d’une femme à l’autre. Nous allons voir maintenant quelques-unes d’entre elles qui vous empêchent peut-être vous aussi, aujourd’hui, de rencontrer l’amour.

Les croyances limitantes chez les lesbiennes

« Toutes les femmes qui m’attirent sont hétéros »

Celle-ci est une des croyances les plus fréquentes et les plus fortes chez les lesbiennes. Elle est d’autant plus renforcée par le fait qu’une majorité de personnes est effectivement hétéro. Renforcée également par le refoulement, les non-dits, les tabous, les stéréotypes (elle a les cheveux longs, donc, elle est hétéro), notre capacité à éviter de dévoiler notre orientation, en nous privant de dire « ma copine » ou de rentrer dans des conversations sur l’amour (oui, je suis sûre que vous l’avez déjà fait au moins une fois). Et bien sûr, le fait que, de toute façon, nous sommes bien trop peu nombreuses à prendre part à l’action dans le domaine de la séduction pour pouvoir le vérifier…

Elle peut aussi survenir du fait que vous ne fassiez pas assez de rencontres. Parce que dire que toutes les femmes qui vous attirent sont hétéros, cela suppose que toutes les femmes qui ne le sont pas ne vous attirent pas… Les lesbiennes seraient donc moins attirantes ? Je ne crois pas que ce soit ce que vous pensez.

Évidemment, plus vous rencontrez de personnes, et plus vous serez susceptible de voir qu’en réalité, il y a un bon paquet de femme bi, pan, homo, peut-être déjà autour de vous, et que, non seulement elles ne sont pas moins attirantes, mais en prime, peuvent vous plaire, aussi.

En même temps, lorsque ça commence par « Toutes » (généralité), on peut se dire assez facilement que la croyance limitante n’est pas loin pour vous empêcher de prendre des risques…

« C’est plus compliqué pour les lesbiennes que pour les hétéros »

Nous n’allons pas nous mentir : il est vrai que faire des rencontres entre femmes présente quelques freins supplémentaires par rapport à celles entre hétéros.

Mais attention, si la rencontre est difficile, cela ne signifie pas que TOUT le reste est plus difficile, à savoir : faire le premier pas, séduire, plaire, construire une relation, et durer sur le long terme.

Et oui, nous revoilà face à une généralité, comme nos croyances limitantes adorent nous faire croire. Malignes comme elles sont, elles transforment une seule étape de la séduction (la rencontre), comme étant TOUTE la séduction. Mais la séduction se passe bien au-delà de la rencontre.

Parce qu’après tout : est-ce que vous deviendriez soudainement une meilleure séductrice si vous étiez seule au milieu d’une soirée entre lesbiennes ? Si vous êtes une personne plutôt passive en séduction, alors il est fort probable que vous soyez également plutôt passive après une rencontre.

La complexité réside dans le fait d’aborder, d’attiser la curiosité, l’intérêt, de séduire, et de donner envie de partager une intimité, et dépasse bien le cadre de la simple « mise en relation » avec quelqu’une.

La difficulté de la rencontre ne doit donc pas vous faire tirer un trait sur l’amour : voilà où vous mènera lentement, mais sûrement, cette croyance limitante…

« Je suis trop féminine/masculine pour plaire aux femmes »

Nous avons une liberté quasi totale que les hétéros n’ont pas : le choix de son apparence. Pour eux, c’est presque facile : les femmes doivent être comme ci, comme ça, pas comme ci, pas comme ça, et pareil pour les hommes. Alors que chez les lesbiennes, il existe une plus grande diversité de styles.

Pour certaines, cela peut être un atout, mais pour d’autres cela peut devenir un poids. Pour les femmes dites « féminines », vient la peur d’être invisibles, de ne pas se faire remarquer et d’en conclure qu’elles ne plaisent pas aux femmes. Pour les femmes dites « masculines », qu’on les assimile à des hommes et que cela devienne un frein quand elles cherchent à séduire des lesbiennes parce que « si on est lesbienne, c’est pour sortir avec des (vraies) femmes ».

Pour être honnête avec vous, oui, il y aura des femmes qui vous attireront mais qui préféreront un look féminin alors que vous êtes plutôt tomboy. Comme il y aura des femmes qui vous attireront qui préféreront le look tomboy alors que vous êtes plutôt féminine.

Ici, la croyance limitante n’existe pas vraiment dans le fait d’être « trop féminine » ou « trop masculine ». Elle tient plutôt dans la représentation que vous avez de la séduction.

Quand quelque chose ne fonctionne pas, on cherche naturellement à comprendre d’où vient le problème. Quand on est lesbienne, il est facile d’accuser un look « trop féminin » ou « trop masculin » pour expliquer pourquoi ça ne marche pas. Mais, en réalité, vous pourriez mettre à peu près toutes les justifications du monde après le mot « trop » que cela reviendrait exactement à la même chose.

Je suis trop… timide ? Trop décalée. Trop gentille. Et cela marche aussi avec « pas assez ». Je ne suis pas assez… drôle . Pas assez belle. Pas assez intéressante.

Pour vaincre cette croyance limitante, il faudra en réalité surmonter votre manque de confiance en vous, en votre image, et la renforcer vers quelque chose de positif. Et si une capacité vous manquait réellement, d’avoir le courage d’affronter la remise en question pour être prête à apprendre. Mais bien évidemment, cela demande de prendre des risques. Et ça, on le sait maintenant, les croyances limitantes n’aiment pas vraiment…

« Pour séduire une femme quand on est lesbienne, on doit avant devenir son amie »

Si je ne devais retenir qu’une seule légende dans la séduction entre femmes, ce serait bien celle-ci.   Pourtant, toutes les femmes avec qui j’ai échangé à travers Drague Queer, ou dans ma vie personnelle, qui étaient amies avec la femme pour qui elles éprouvaient des sentiments, ont fini par se rendre compte que :

– Leur amie était hétéro

– Leur amie n’avait pas de sentiment amoureux pour elle

En fait, que leur amie les voyait… comme son amie. Et c’est logique : si vous vous comportez comme une amie, vous deviendrez une amie.

Cette croyance limitante est particulièrement vicieuse. Elle vous fait croire à un espoir de relation amoureuse, sans n’avoir à aucun moment à prendre de risque. Une belle histoire où votre amie finira par dévoiler ses sentiments pour vous, ou bien où vous finirez bien par voir un signe qu’elle vous aime. Mais ne le voyant pas, vous allez commencer à rechercher le moindre petit détail qui pourrait prouver qu’elle est attirée par vous, mais vous voilà prise au piège : vous vous rendez compte que la seule manière de le savoir… c’est de prendre le risque de le lui demander.

Il est vrai qu’il est tentant de trouver le réconfort d’une histoire qui promet que l’amitié deviendra de l’amour. Et s’il est vrai que cela peut arriver dans de rares cas, c’est surtout que vous ne prenez, ni le risque de vous prendre un râteau d’entrée, ni le risque de faire le premier pas, ni le risque de séduire, ni le risque de découvrir que vos sentiments ne sont pas réciproques. Du moins, pas tout de suite. Et plus vous aurez peur, plus vous repousserez le moment de passer à l’action. Et plus vous repousserez ce moment, plus vous aurez peur.

Votre croyance limitante est assez vicieuse pour utiliser votre espoir contre vous. Elle vous fait croire qu’en ne prenant aucun risque, quelque chose de magique va arriver. Mais comme vous le savez, le but de la croyance limitante n’est pas de trouver l’amour pour vous…

« Elle est avec un homme/elle est attirée par les hommes, donc elle est hétéro »

Bien sûr, cette pensée, vous ne vous la dites pas. Pas vraiment. Mais c’est une idée forte, que partage autant les personnes hétéros que les lesbiennes : tout le monde est hétéro par défaut. Alors, quand vous croisez une femme ne remplissant pas les stéréotypes lesbiens, et en prime en couple avec un homme, vous ne vous posez pas la question de sa bisexualité, pansexualité, ou bien même le fait que, peut-être, ce soit une lesbienne qui s’ignore.

De même, si vous entendez cette même femme parler de son attirance pour les hommes, vous ne cherchez pas plus loin : elle est hétéro.

Vous voilà tombée dans le piège de l’hétéronorme, qui est à elle seule une croyance limitante. On sous-estime la diversité de l’orientation sexuelle et romantique chez une femme. Tout n’est pas noir ou blanc. La pansexualité, par exemple, est une orientation bien particulière où, bien évidemment, une femme peut aimer un homme. La bisexualité l’est tout autant. Mais il y a aussi les femmes qui se cherchent, qui ont besoin d’expérimenter pour se connaître, qui peuvent éprouver ne serait-ce qu’une fois une attirance pour une femme sans que cela ne soit possible avec d’autres…

Ne pas chercher la nuance dans le désir, l’attirance, l’amour, c’est se poser un obstacle extrêmement encombrant sur le chemin de la rencontre. Se libérer de ses croyances limitantes demande à s’ouvrir l’esprit et faire preuve d’un peu plus d’imagination.

À présent, si jusqu’ici, vous n’aviez pas conscience de toutes ces croyances limitantes qui vous empêchaient de rencontrer l’amour, maintenant, vous pouvez prendre la décision d’explorer le monde en prenant un peu plus de risques. De faire le choix de la découverte, de l’expérience, de l’imprévu. Vous ne pourrez pas, dans l’amour, éviter toutes les souffrances. Mais à coup sûr, vous pouvez vous contraindre à ne pas vivre ces bonheurs-là.

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