« La bonne humeur qui émane d’une bande de meufs qui courent avec le sourire en arborant fièrement leur t-shirt ‘Joggouines’ est inspirante : être gouines, être ensemble, faire du sport, ça rend heureuse, et c’est à la portée de toutes ! » Manon, nous présente Joggouines, le collectif de course à pied qui lutte contre le sexisme, les discriminations et les LGBTphobies dans le sport, et nous en dit plus sur l’initiative, « J’irai courir chez vous », lancée en septembre dernier. Une action collective sportive et militante dont l’objectif est de visibiliser les lesbiennes en participant à des courses organisées dans des lieux où la visibilité des minorités sexuelles et de genre est un enjeu fort. Extrait de la rencontre publiée dans le numéro 90 de Jeanne Magazine.

Pouvez-vous nous présenter votre collectif et nous parler de ses objectifs ? Le collectif Joggouines s’inspire de l’expérience des Soccer Grannies, ces femmes sud-africaines qui puisent dans le football la force de se relever après des parcours éprouvants (violence, maladie, exclusion…). Convaincues que la course à pied recèle le même pouvoir de remédiation, les Joggouines se sont constituées début 2018 en un groupe inclusif. L’objectif est simple : offrir à toutes un espace de pratique sportive accueillant, surtout pour celles que l’idéologie sportive dominante a convaincues qu’elles étaient trop grosses, trop poilues, trop maigres, trop abîmées, trop vieilles… pour chausser leurs baskets. En tentant de se soustraire aux pressions sociales, en promouvant une pratique sportive bienveillante, envers soi comme envers le groupe, le collectif Joggouines vise à aider chacune à se réconcilier avec son corps, à se sentir bien dans sa pratique et dans sa tête, pour y puiser l’énergie de s’affirmer. Quatre ans après sa création, ce collectif compte déjà une centaine de membres.

Très tôt le collectif a opté pour une envie d’être aussi dans le militantisme, à l’image des collectifs français Les Dégommeuses et celui, sud-africain, des Soccer Grannies qui rassemblent des femmes pratiquant le football afin de défendre leurs droits. En quoi diriez-vous que le sport est un terrain favorable pour le militantisme et l’évolution des mentalités ? Nous sommes effectivement convaincues qu’un collectif comme les Joggouines est un outil de militantisme précieux. La bonne humeur qui émane d’une bande de meufs qui courent avec le sourire en arborant fièrement leur t-shirt « Joggouines » est inspirante : être gouines, être ensemble, faire du sport, ça rend heureuse, et c’est à la portée de toutes ! (…)

En septembre, vous avez lancé une action afin de visibiliser les lesbiennes dans les courses auxquelles vous participez. Pouvez-vous nous parler de cette action qui s’installera dans le temps jusque fin 2022 ? Notre projet s’intitule J’irai courir chez vous. Il s’agit de faire participer nos coureuses à des courses organisées dans des lieux où la visibilité des minorités sexuelles et de genre est un enjeu fort. Nous pensons notamment aux communes conservatrices dont les élus tiennent des positions LGBTphobes, mais il pourra également s’agir de zones rurales dans lesquelles les populations LGBTQI+ peuvent se sentir invisibilisées. Nous aimerions également intervenir dans les communes françaises qui n’ont pas dénoncé leur jumelage avec les communes polonaises qui se sont déclarées “sans LGBT”. L’objectif du projet J’irai courir chez vous est de favoriser la visibilité des lesbiennes et personnes trans dans l’espace public, pour pallier le manque de représentations. (…)

Comment peut-on rejoindre votre collectif ? Est-il ouvert à tous les niveaux de pratique du running ? Avez-vous des “antennes” en région ? Le collectif Joggouines fonctionne en non-mixité choisie : il est ouvert aux meufs, gouines, queers, trans, intersexes… qui se retrouvent dans l’expression « Joggouines », sans exigence de niveau, de performance ou même d’assiduité aux entraînements. Nous courons les dimanches matins, en alternant les runs au bois de Vincennes, au parc des Buttes Chaumont et le long du canal de Pantin. Pour l’heure nous n’avons pas d’antenne en région mais nous adorerions ! Que les bonnes volontés qui liraient cette interview n’hésitent pas à se manifester [Rires].

Toutes les informations sont sur la page Facebook du collectif Joggouines.

Retrouvez l’interview de Manon en intégralité dans le numéro 90 de Jeanne Magazine.

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