Queer Habibi est un projet artistique né en 2018 sur Twitter et Instagram. Dans ses dessins, l’auteur croque une communauté méconnue : les LGBT+ du monde arabe. Extrait de l’article publié dans le numéro de janvier de Jeanne Magazine.

Deux femmes intégralement voilées dans une voiture, un doux sourire aux lèvres, visiblement en partance pour une escapade entre amies. Amies, ou peut-être un peu plus. Car sur la portière de la voiture, on distingue un autocollant en forme d’arc-en-ciel portant la mention « Love wins », l’amour triomphe, le mantra de la tolérance envers les personnes LGBTI sur les réseaux sociaux. Et pourtant, le dessin porte la légende « Saudi women », femmes saoudiennes. Cette illustration, c’est l’une de celles qu’on peut trouver sur les comptes Twitter et Instagram « Queer Habibi », un projet artistique au programme ambitieux : mettre en lumière la communauté LGBT+ du monde arabe et du Moyen-Orient. Autrement dit, affirmer que même dans ces pays où ne pas entrer dans le moule hétérosexuel cisgenre peut s’avérer très dangereux, il est possible d’être queer et heureux.se.

32 000 abonnés sur Instagram, 2155 sur Twitter

L’histoire de Queer Habibi commence début janvier 2018. Deux comptes sont ouverts sur les réseaux sociaux Twitter et Instagram et un hashtag du même nom se met à circuler. Il accompagne des illustrations au design très « pop », couleurs tranchées, personnages stylisés, qui montrent des couples gay et lesbiens mais aussi des drag queens et des personnes clairement queer, dans les pays arabes et du Moyen-Orient. Ces hommes et femmes sont représenté.e.s dans leur vie de tous les jours, dans la rue, les transports, chez eux avec leur amant.e, en train de se préparer pour sortir, de danser. Pas de situation pénible, de conflit, de larmes. L’idée est de les montrer dans toute leur normalité, tout le côté paisible et joyeux de leur vie. Le message est clair : oui dans ces pays, les personnes LGBT+ existent et oui, elles peuvent être heureuses. Le pseudonyme même de l’artiste le dit bien en associant le terme anglo-saxon « queer », qui désigne toutes les personnes qui s’éloignent de la norme hétérocis, et « habibi », mot arabe pour chéri, mon amour.

L’artiste qui se cache derrière ces deux comptes souhaite garder l’anonymat pour sa propre sécurité. Cependant dans des interviews données aux sites Pink News ou Them, il laisse filtrer quelques informations. C’est un homme (ou du moins, il souhaite être genré au masculin) attiré par les hommes, qui est né et a grandi au Moyen-Orient. Il se définit comme un artiste débutant (« rookie artist ») qui n’a pas fait d’étude de peinture ou de dessin et qui commence par faire des croquis pour le plaisir et amuser ses ami.e.s. Ce sont elles et eux qui l’incitent à les publier sur Internet et à proposer aux gens de le soutenir en lui commandant des cartes postales. Un peu plus d’un an plus tard, le projet a bien grandi : 32 000 abonnés sur Instagram, 2155 sur Twitter, et de nombreuses manifestations de solidarité de la communauté de followers.

Des scènes de vie quotidienne et amoureuse

Queer Habibi tire avant tout son inspiration de sa vie quotidienne et de celle de ses proches, des situations où les personnes queer du monde arabe comme lui pourront se reconnaître.

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Par Mathilde Bouquerel – Queer Habibi sur Instagram

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