Ruth Bader Ginsburg, doyenne de la Cour Suprême des États-Unis est décédée hier à l’âge de 87 ans. Surnommée « Notorious RBG », c’était l’une des plus grandes figures progressistes des États-Unis qui s’est battue pour l’égalité hommes/femmes et a joué un rôle majeur dans la décision historique d’ouvrir le mariage aux couples de même sexe aux Etats-Unis.

« Son héritage a généré les mouvements #MeToo et #TimesUp, et les débats culturels sur l’égalité des sexes, la parité, l’égalité salariale et l’égalité des droits. Ça ne fait que commencer mais l’on peut remonter directement aux origines. Et tout a commencé avec elle »  avait confié Mimi Leder, la réalisatrice du film Une femme d’exception, sorti en 2018, qui revient sur l’histoire de la juge à la Cour Suprême, devenue une figure emblématique de l’Amérique contemporaine.

En 1972, Ruth Bader Ginsburg a cofondé le Women’s Rights Project (Projet pour les droits des femmes) au sein de l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU). C’est à cette époque qu’elle s’implique dans plus de 300 procès pour discrimination, dont la célèbre affaire Reed contre Reed en 1971, recensé sous le numéro 404 U.S. 71 : c’est la première fois dans l’histoire américaine que la Cour a appliqué la clause de protection sur l’égalité (Equal Protection Clause) du 14è Amendement destinée à empêcher l’application d’une loi discriminatoire envers les femmes : la juge a été à l’époque la rédactrice de la première présentation de l’affaire. Et c’est sous sa direction à la tête du Women’s Rights Project qu’elle a porté six affaires de discrimination fondée sur le sexe devant la Cour Suprême de 1973 à 1976, et qu’elle en a remporté cinq. En 1980, le président Carter la nomme à la Cour d’Appel du district de Columbia. Elle est ensuite nommée comme juge à la Cour Suprême en 1993 par le président Clinton, devenant la deuxième femme après Sandra Day O’Connor et l’une des quatre femmes de l’Histoire à être confirmée à ce poste. En 1996, elle a rédigé le verdict capital de la Cour Suprême lors de l’affaire United States contre Virginia, qui déclare que le Virginia Military Institute, bénéficiant du soutien financier de l’État, ne peut refuser l’admission des femmes. En 1999, elle remporte le prix Thurgood Marshall de l’Association du barreau américain pour sa contribution à l’égalité des sexes et aux droits civiques.
En 2015, elle se rallie à la majorité dans deux verdicts d’importance de la Cour Suprême. Dans King contre Burwell, elle est l’une des six juges à préserver un élément primordial de l’Affordable Care Act de 2010 qui permet au gouvernement fédéral de continuer à offrir des aides aux Américains qui souscrivent à une couverture médicale compétitive, qu’elles soient financées au niveau de l’État ou au niveau fédéral. La même année, elle joue un rôle majeur dans la décision historique de rendre le mariage entre deux personnes de même sexe légal dans les 50 États lors du jugement Obergefell contre Hodges.

Selon la radio NPR, la juge Ruth Bader Ginsburg avait elle-même confié ses dernières volontés à sa petite fille, Clara Spera. « Mon voeu le plus cher est de ne pas être remplacée tant qu’un nouveau président n’aura pas prêté serment« , lui a-t-elle dicté quelques jours avant sa mort.

Donald Trump, qui n’ a pas encore dévoiler ses intentions sur une éventuelle nomination d’un nouveau juge, avait cependant déclaré en août qu’il n’hésiterait pas à nommer un juge à la Cour suprême même très près de l’élection. « J’avancerai vite« , avait-il affirmé sur une radio conservatrice. Une nomination qui pourrait être catastrophique, notamment pour les droits des personnes LGBT : « la bataille politique va être énorme parce que si Donald Trump obtient gain de cause, la Cour suprême deviendra la plus conservatrice depuis un siècle« , a déclaré le professeur de droit Carl Tobias.

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