Avec au compteur la publication de 23 romans et 35 nouvelles, le pari de lancer une maison d’édition lesbienne est réussi pour Reines de Coeur, qui fête cette année son quatrième anniversaire. Rencontre avec Edwine, Gaëlle et Isabelle, ses trois co-fondatrices. Extrait de la rencontre publiée dans le numéro de février de Jeanne Magazine.

Pour celles qui ne vous connaissent pas, pouvez-vous vous présenter brièvement  ?
Isabelle : Nous sommes Edwine, Gaëlle et Isabelle, les 3 co-fondatrices des éditions Reines de Cœur. En quelques mots, c’est une maison d’édition lesbienne qui existe depuis maintenant quatre ans. Nous nous connaissons depuis plus de 10 ans et nous nous sommes lancé le pari fou, en septembre 2014, de créer une maison d’édition lesbienne numérique (et non, nous n’avions pas bu…). Reines de Cœur a officiellement vu le jour en juillet 2015 après presque un an d’intenses préparations avant lancement.
Edwine : Nous avions toutes les trois le même objectif et le même désir  : offrir des romans qui nous ressemblent (c’est d’ailleurs notre accroche), à travers lesquels on peut s’identifier, rêver, rire et pleurer grâce à des femmes fortes. En un mot, nous souhaitions donner plus de visibilité à notre belle communauté qui en manque encore cruellement. (…)

Ça veut dire quoi tenir une maison d’édition lesbienne en 2020 ?
Isabelle : Difficile de répondre à cette question. Ce que l’on peut dire, c’est que l’on a parfois l’impression que, dans la société dans laquelle nous vivons, certaines choses semblent acquises et d’autres nous renvoient parfois brutalement à une réalité que nous préférerions oublier. En exemple, je peux vous citer la fois où notre premier imprimeur nous a appelées en nous demandant de retirer l’article que nous avions fait sur lui sur notre blog. Il ne souhaitait pas que ses clients sachent qu’il travaillait pour nous de peur de les choquer. Bon, inutile de préciser que nous avons rapidement cherché un nouvel imprimeur…
Edwine : Mais heureusement gérer une maison d’édition lesbienne en 2020, c’est aussi voir les nouvelles générations nous pousser toujours plus à nous questionner sur la représentation que nous leur offrons. Soyons honnêtes, les notions de Queer, LGBTQIA étaient quasiment inexistantes lorsque nous nous sommes construites ados. Il nous paraît important d’offrir un panel de personnages le plus diversifié possible tout en restant sur des sujets que nous ou nos autrices maîtrisons pour commettre le moins d’impairs possibles.

Votre travail est-il impacté par les mouvements féministes et lesbiens actuels ?
Isabelle : Évidemment ! Au-delà de la vague d’espoir que cela nous donne au quotidien, nous sommes amenées à nous poser de réelles questions. Les paroles portées par certaines femmes nous ont poussé à insister sur l’importance du consentement auprès de certaines de nos autrices, notamment lors des scènes de sexe. Nous sentons que quelque chose est en train de se passer. La prise de parole d’Adèle Haenel, la marche organisée par Nous Toutes, il y a comme un vent de révolte de la part des femmes qui refusent de se soumettre et le crient haut et fort. Ça a un côté assez jouissif de pouvoir assister à cela.
Gaëlle : Nous nous reconnaissons également dans le combat du collectif SEO Lesbien qui se bat depuis plusieurs mois contre Google pour imposer un changement d’algorithme sur les résultats de recherche contenant le mot « lesbienne ». (…)

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Retrouvez la totalité de la rencontre dans le numéro de février de Jeanne Magazine et le catalogue déjà publié par les éditions Reines de Coeur sur leur site internet.

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