Pas de doute, les Muses se sont penchées sur les berceaux de Marie Hem et de Yaël Edery. En couple depuis une vingtaine d’années et mariées depuis l’année dernière, l’autrice et l’artiste sont avant tout des femmes passionnées. Passionnées par l’amour qu’elles se portent l’une à l’autre et passionnées par les arts qu’elles pratiquent au quotidien. Extrait de notre rencontre avec Marie et Yael, issue de notre rubrique « portrait de couple’ publiée dans les pages du numéro 85 de Jeanne Magazine.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Yaël : Je suis quelqu’un d’optimiste, d’humeur joyeuse et plutôt cartésienne. J’ai besoin d’équilibre mais j’aime aussi un grain de folie et partir parfois vers l’imprévu afin de ne pas tomber dans une certaine monotonie. Ce paradoxe, je l’ai trouvé auprès de Marie. Ma rencontre avec elle a été le « déclic » de ma vie et l’amour que je lui porte comme celui qu’elle me donne en retour est le cœur de notre relation. Nous sommes complices, mais aussi amies, amantes, amoureuses et nous aimons la vie et le partage.
Marie : Je dirai juste que je suis une épicurienne de la vie mais plus gourmet que gourmande. J’ai toujours préféré la qualité à la quantité et je mange seulement si j’aime. C’est un style de pensée et de vie que j’applique en général et pas seulement à la cuisine.

Marie, les lectrices de Jeanne Magazine vous ont découvert avec la publication du roman Les sens interdits, sorti en 2019. Quelle place tient l’écriture dans votre vie ? L’écriture est pour moi telle une idéologie. Les mots sont souvent des pensées et la transcription des sentiments que j’éprouve, ils sont aussi une forme d’analyse de la vie, j’écris pour mieux comprendre. Pour la suite des Sens interdits, je suis toujours en cours d’écriture. J’ai vécu un moment un peu particulier dans ma vie personnelle qui m’a donné envie d’aller plus en profondeur dans ma quête de la résilience. Je me dévoile davantage dans ce deuxième roman et cela me semble plus douloureux à écrire, il me demande plus de temps. Bien sûr, je viendrai vous en parler à sa sortie.

Yaël, vous magnifiez la femme dans vos peintures en la peignant souvent nue dans un contexte très épuré ce qui laisse éclater toute la beauté de leurs formes. Où puisez-vous votre inspiration ? J’ai une vraie passion pour le corps de la femme que je trouve magnifique et qui m’inspire dans ce sens-là : l’envie de le peindre, de le magnifier, de le sublimer, de l’explorer aussi de différentes façons à travers mon art. Le nu, le corps humain est la base du dessin. Je dirai que c’est un retour aux sources. Lors de mes études en école d’art, j’ai adoré les cours de nus ainsi que les cours d’histoire de l’art que je trouvais passionnants. À cette période, j’ai découvert l’œuvre de Camille Claudel. Cette femme et son histoire m’avaient fascinée. Ses sculptures, ses peintures et ses dessins m’avaient interpellée et j’ai tout de suite adoré. Elle était la première femme à sculpter le marbre avec « les causeuses », une œuvre sublime. Son talent qui a surpassé son maître Rodin mais aussi la triste réalité de la deuxième partie de sa vie où elle passa les 30 dernières années de son existence dans un asile psychiatrique, je me souviens que cela m’avait bouleversé. Elle a beaucoup influencé mon travail dans mes recherches de peintures de nus. Une autre artiste m’a fortement marquée à cette même période, par son œuvre et son parcours, même s’il ne s’agissait pas de nus. Lors d’une sortie au musée d’Orsay avec ma classe d’art, j’avais fait un tour à la boutique du musée avant de repartir et j’étais tombée sur un livre qui relatait la biographie de Rosa Bonheur, peintre animalier du 19è siècle, que je ne connaissais absolument pas. J’ai acheté le livre que j’ai lu et j’ai été subjuguée par ses œuvres mais aussi par son histoire et son parcours et le fait qu’une femme de son époque ait revendiqué son statut de femme libre en accédant à un art qui n’était destiné qu’aux hommes dans ce domaine. Elle a été l’une des premières artistes femmes à porter des pantalons, afin d’être plus à l’aise lors de ses séances de dessins et peintures auprès des animaux, elle refusait de se marier et vivait avec sa compagne. (…)

Le fait que vous soyez, pour l’une écrivaine et l’autre artiste, a t-il un impact sur sur votre façon de vivre ?
Yaël : Oui bien sûr ! Marie a constamment des idées en tête, toutes plus originales les unes que les autres, c’est quelqu’un d’intuitif et de visionnaire et elle a une vraie âme d’artiste. Cette perception qu’elle a de la vie et qui n’est pas forcément la même que la mienne apporte un complément à ma vision des choses. Cela m’amène toujours à une réflexion plus poussée et parfois même une remise en question sur un point de vue auquel je n’aurai pas forcément pensé. Je dirai que tout cela mélangé à ma vision artistique apporte une certaine originalité et richesse intérieure à notre quotidien. Nous parlons beaucoup de nos projets ou d’idées que nous avons et nous n’avons pas vraiment le temps de nous ennuyer. Il n’y a pas d’heures ou de moments précis pour en parler et nous sommes toujours à l’écoute l’une de l’autre. Même si parfois nous pouvons avoir des désaccords, ce qui est normal et humain aussi, nous en débattons jusqu’à trouver une solution pour la réalisation de celui-ci. Tout cela permet aussi d’avancer sur un chemin positif et constructif.

Après 20 ans de vie commune, vous vous êtes mariées l’année dernière. En quoi était-ce important pour vous ? Le mariage était une suite et une continuité logique de notre engagement l’une pour l’autre. Lorsque la loi est passée nous savions que tôt ou tard nous le ferions. De passer à l’acte a aussi été notre manière de militer pour la cause, plus qu’un besoin personnel car cela ne change rien à l’amour que nous avons l’une pour l’autre. Nous l’avons pris comme une responsabilité sociétale envers la communauté. Un engagement mais aussi un hommage pour toutes les personnes qui ont œuvré depuis si longtemps pour cette égalité.

(…)

Retrouvez Marie Hem sur Facebook et Yaël Edery sur son site : yaeledery-paintings.com

Retrouvez l’intégralité de notre rencontre avec Marie et Yael dans le numéro 85 de Jeanne Magazine.

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