À l’occasion de la Journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie, et pour la 19e année consécutive, SOS homophobie publie aujourd’hui son Rapport sur l’homophobie 2015. Réalisé à partir des témoignages que l’association reçoit chaque année, il constitue aujourd’hui la seule publication permettant de suivre, année après année, l’évolution de la lesbophobie, de la gayphobie, de la biphobie et de la transphobie en France.
Un des nombreux chapitres du rapport concerne « l’homophobie en milieu scolaire et dans l’enseignement supérieur », et justement, c’est l’un des sujets abordés dans le numéro de mai de Jeanne Magazine : Professeures des écoles, de collège, de lycée, directrice, documentaliste, assistante d’éducation, agent territorial… Les femmes qui témoignent dans le numéro de mai de Jeanne Magazine, reviennent sur leur parcours et leur quotidien dans l’Education nationale, un milieu professionnel où l’homosexualité est encore bien souvent un sujet tabou. En extrait, découvrez le témoignage de Morgane et Anne-Charlotte, pacsées depuis 6 mois et professeures documentalistes.
« Les mœurs dans les établissements du privé n’ont pas vraiment évolué »
Morgane et Anne-Charlotte, ont respectivement 25 et 23 ans, elles se sont rencontrées pendant leur master. Ensemble depuis 2 ans et 3 mois, pacsées depuis 6 mois, elles sont toutes les deux professeures documentalistes. Certains collègues de Morgane, qui est actuellement dans un établissement public, sont au courant de son homosexualité, et d’autres non, mais pour la jeune femme : « Cela ne me gêne pas d’en parler si la question vient à être abordée » d’ailleurs, elle nous assure : « Les réactions ont toujours été positives de la part de mes collègues ». Quant à Anne-Charlotte, qui travaille dans un établissement privé, elle a déjà vu un élève porter un bracelet de la Manif pour tous et confie donc que «c’est plus compliqué». D’ailleurs, seulement une de ses collègues est au courant, et le fait d’être dans un milieu très conservateur l’empêche de se sentir libre d’en parler. Lorsque la question est abordée, elle parle alors de « son compagnon ». Les deux femmes qui n’ont jamais subi de réflexions à propos de leur sexualité, préfèrent garder leur vie privée, car, elles affirment : « Les mœurs dans les établissements du privé n’ont pas vraiment évolué ». Quand on évoque avec Morgane les circulaires ou les interventions d’associations LGBT dans son établissement, elle nous parle d’une semaine de la vie affective et d’une association LGBT qui est intervenue lors d’ateliers auprès des élèves et qu’à l’époque, un couple de filles « s’affichait dans le lycée », mais pour autant, « elles étaient très bien acceptées dans l’établissement ». Morgane qui a toujours gardé une distance avec ses élèves, et n’a jamais eu l’occasion d’aborder le sujet avec eux, entend parfois des élèves avoir des propos homophobes. Même si elle les reprend, Morganer regrette : «de ne pas pouvoir leur dire que c’est moi qu’ils insultent». Leur conseil à une lesbienne qui désirerait faire son coming out dans leur milieu professionnel : « Se sentir en confiance et à l’aise avec ses collègues pour aborder la question ».
Retrouvez les témoignages en intégralité dans le numéro de mai de Jeanne Magazine : n’oubliez pas qu’en soutenant Jeanne, vous permettez à votre magazine 100% lesbien de continuer à vous proposer 90 pages de contenu exclusif chaque mois !
J’enseigne depuis 2 ans dans le supérieur, en STAPS. Comme Morgane, mes collègues (profs et administration) qui le savent sont ceux avec qui je discute le plus souvent, et c’est venu naturellement dans certaines discussions lambda. En revanche, j’opte pour un « mon compagnon », comme Anne-Charlotte, avec ceux que je connais moins.
Quant aux étudiants, certains que je n’ai jamais eus mais qui sont des amis d’avant leur entrée en fac le savent. Je ne sais pas s’ils en ont déjà parlé autour d’eux, mais cela ne me fait ni chaud ni froid. Je me balade main dans la main avec ma chérie en ville, et aux abords de résidences étudiantes ; c’est possible que d’autres nous aient déjà vues mais je pense que si le bruit se répandait, les étudiants seraient amusés par cette « découverte » et contents que je ne le cache pas plutôt qu’autre chose. Et puis j’ai l’impression qu’en STAPS on est plus ouverts à ce genre de discussions que dans d’autres filières donc je ne vois pas de quoi ni pourquoi j’aurais peur. 🙂