Témoignages sur les réseaux sociaux ou dans la presse, rapports des associations, et même plan d’urgence du gouvernement. Tout le monde le dit : la décennie 2010 connaît une flambée des violences à l’égard des personnes LGBTI. Mais à quoi cette augmentation est-elle vraiment due ? Extrait de l’article publié dans le numéro de décembre de Jeanne Magazine.

De larges ecchymoses sur les bras, la hanche, le visage et une lèvre supérieure éclatée. En légende de ces trois photos, publiées sur le réseau social Facebook en novembre dernier, ces quelques phrases : « Si je fais cette démarche de publier mes photos ce n’est pas parce que j’aime raconter ma vie sur les réseaux sociaux mais pour alerter la conscience des gens ! J’ai réalisé à posteriori qu’une personne lambda moins capable que moi d’encaisser les coups et de se défendre, aurait pu rester à terre et faire la une des quotidiens. » Ce témoignage, c’est celui de Laura, jeune Toulousaine ouvertement lesbienne agressée dans la nuit d’Halloween par trois hommes, à coups de poings, de pieds et de battes. « Résultat : traumatisme crânien, suspicion de 3 côtes fêlées, lèvre éclatée, hématomes sur la face et le corps », précise la jeune femme. Depuis le début des années 2010, on ne compte plus les récits de ce genre et les selfies de personnes LGBTI au visage tuméfié posté sur Twitter ou Facebook.

+15 % d’agressions physiques en 2017

Et le constat des associations est sans appel. Il n’y a qu’à consulter le 22è Rapport annuel de SOS Homophobie, réalisé à partir des témoignages collectés par les bénévoles sur la ligne d’écoute anonyme et le tchat de l’association. En 2017, la structure compte 4,8 % d’agressions LGBTIphobes en plus par rapport à 2016. Dans le détail : les violences sur Internet augmentent de 22 %. « Ça peut aller d’une classe de collégiens qui créent une page Facebook pour se moquer de l’orientation sexuelle réelle ou supposée d’un.e de leur camarade aux insultes et menaces de mort par message privé sur Twitter, en passant par les messages haineux de certains forums d’extrême-droite », décrit Véronique Godet, vice-présidente de l’association. Les agressions physiques quant elles sont en augmentation de 15 %. « Les témoignages que nous recueillons viennent majoritairement d’hommes homosexuels qui sont agressés dans l’espace public à 45 %. »

Publié en septembre, le rapport n’a pas laissé indifférent le Secrétariat d’État à l’égalité femmes-hommes. Le 26 novembre dernier, Marlène Schiappa a ainsi présenté un « Plan d’urgence contre les violences LGBTphobes » en conseil des ministres. Au programme notamment : une enveloppe de 300 000 euros pour une campagne de sensibilisation dans la presse et sur les réseaux sociaux lancée en janvier. Également, la création de référents pour les victimes d’agressions LGBTIphobes dans les commissariats, et des formations sur ces sujets dispensées aux futurs agents de la fonction publique. « Il faut rappeler que l’homophobie n’est pas une opinion », a affirmé la secrétaire d’État à cette occasion. Ni la lesbophobie, ni la transphobie, ni la biphobie, aurait-on envie d’ajouter… Une maladresse au diapason du plan d’urgence proposé : de bonnes intentions mais des mesures loin d’être à la hauteur. Un.e seul.e référent.e en commissariat pour les violences LGBTIphobes semblent en effet bien peu au vu du nombre de plaintes déposées, notamment dans des villes comme Paris, Lyon ou Marseille. Et la proposition des associations d’inscrire l’Histoire des luttes LGBTI au programme scolaire n’a encore reçu aucune réponse de la part du gouvernement. Reste cette prise de conscience, jusque dans les plus hautes sphères de l’État : depuis le début des années 2010, les violences LGBTIphobes augmentent nettement.

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Par Mathilde Bouquerel

Retrouvez l’article en intégralité dans le numéro de décembre de Jeanne MagazineEn vous abonnant à Jeanne, vous permettez à votre magazine 100% lesbien de continuer à vous proposer 90 pages de contenu exclusif chaque mois !