Avec L’Amour rêche, Valérie Dureuil nous offre son troisième roman lesbien, l’histoire de Judith et Émilie, qui se sont rencontrées lors d’une soirée étudiante, et qui 15 ans et un enfant plus tard, voient leur relation battre de l’aile. Valérie Dureuil nous en dit plus sur ce roman très réussi. Extrait de l’interview publiée dans le numéro de décembre de Jeanne Magazine.
Avec Folles avoines publié en 2002 chez La Cerisaie, Lune d’absinthe sorti en 2010 chez KTM éditions, et aujourd’hui L’Amour rêche, vous abordez le thème de l’homosexualité féminine, hors des sentiers battus. En quoi est-ce important d’écrire sur ce sujet ? Je lis des livres qui me parlent, me procurent du plaisir et dans lesquels une identification est possible même si elle est fantasmée. Je pense que beaucoup de lectrices sont comme moi, elles ont envie d’éprouver ce plaisir à la lecture. Il était dès lors évident que j’écrirais des romans lesbiens même si je trouve le terme réducteur parce que si les personnages sont effectivement des lesbiennes, les relations qu’elles vivent, les obstacles que la vie va mettre sur leur route, les blessures et les beaux moments, tout cela est universel. Pour moi, l’importance de ce type d’écriture se situe justement là, dans l’universalité de thèmes comme l’amour, la famille ou la solitude.
Avec L’Amour rêche, vous abordez l’usure du couple, le manque de communication, la routine et la rupture. Comment est né ce roman ? L’Amour rêche est né de mes propres constats face à l’évolution de ma vie amoureuse. Dans une relation de couple, on peut passer de la lune de miel à la lune de fiel en un clignement d’œil. Le manque de communication, la tendance à aller vers la facilité, à se dire que l’autre est acquise, à ne plus fournir d’efforts pour la séduire, tout cela use le couple. Et quand un problème surgit, le couple n’a plus assez de ressources amoureuses pour s’en sortir et peut basculer vers la rupture.
Vous vivez en Belgique où le mariage pour les couples de même sexe est autorisé depuis 2003, où l’adoption intrafamiliale pour les couples de même sexe a été mise en place en 2006 et où depuis 2015 la filiation est ouverte aux couples de femmes. Comment expliquez-vous que votre pays soit autant ouvert sur les droits des homosexuels ? La Belgique, contrairement à la France, n’a pas la culture de la polémique. Je n’ai pas le souvenir que des groupes sont descendus dans la rue pour s’opposer à des lois donnant des droits. Le Belge réagit quand on lui retire quelque chose, pas quand on donne quelque chose de positif à quelqu’un. Le paysage politique belge est un peu façonné à cette image, la droite ne va pas refuser une loi qui propose des droits à une communauté. (…)
De Belgique, quel regard portez-vous sur le retard français concernant l’accès à la PMA pour les couples lesbiens ? Un regard triste, car à nos yeux, la France continue à traiter les gays et les lesbiennes comme une sous-communauté, des demi-citoyens. Ne pas légiférer, c’est nier l’existence de toutes ces familles LGBT, c’est leur refuser un cadre légal protecteur. C’est cautionner une forme d’homophobie…
Vous travaillez pour une association LGBT. Quelles sont aujourd’hui les revendications de la communauté LGBT en Belgique ? Dans le climat politique actuel, le plus important reste la préservation de nos acquis. La lutte contre l’homophobie doit continuer, ce n’est pas parce que nous vivons dans un pays avec des lois en faveur de la communauté LGBT que l’homophobie a été éradiquée du territoire. Ce serait trop beau ! Je pense aussi que le droit à la différence devrait à terme se muer en droit à l’indifférence…
Retrouvez l’interview de Valérie Dureuil en intégralité dans le numéro de décembre de Jeanne Magazine
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Le pitch d’Opération Twilight d’Annabel West : Kira Na Murgha est à la tête de Seragana, un royaume insulaire situé en mer de Chine, au large de Singapour. Un homme d’affaires sans scrupules, Andrew Nolan, convoite les richesses naturelles de l’île et fait appel à une consultante, Angelique Divine, pour conduire les négociations et atteindre son but. La jeune femme, sous le charme de Kira, va préférer défendre les intérêts de Seragana et tendre un piège à Andrew Nolan : l’opération Twilight. Mais à Melbourne, la capitaine Stephanie Tyler mène une enquête qui pourrait bien tout compromettre. Angelique parviendra-t-elle à sauvegarder le royaume de Kira ?