Suite à notre appel à témoins lancé sur Facebook, les lectrices de Jeanne Magazine qui travaillent en couple partagent leur expérience. si, pour certaines lectrices de Jeanne, travailler en couple est un réel bonheur et un avantage certain, comme pour Fiona et Corinne, qui par exemple envisageraient difficilement un avenir professionnel l’une sans l’autre : « Nous sommes inséparables, et ça nous convient parfaitement. Nous faisons souvent le soir et le matin des « debriefs » de la journée qui vient de s’écouler ou qui nous attend. Cela ne nous gène pas du tout, on aime notre travail et travailler ensemble est une vraie chance ! », pour d’autres, l’expérience ne s’est pas révélée si positive, bien souvent à cause du regard des autres, comme celle d’Orianna et de Sandra, obligées de se justifier auprès de leur direction « en s’excusant presque d’être ‘juste’ amoureuses ».

Extrait des témoignages publiés dans le numéro d’octobre de Jeanne Magazine avec celui de Charlotte, 23 ans, infirmière sur Paris, qui revient sur sa rencontre avec Marjorie, 25 ans, infirmière également, qui travaille dans le même service qu’elle.

« Les conséquences professionnelles ne nous ont pas effleuré l’esprit une seule seconde »

Marjorie est arrivée un an après moi, je l’ai un peu bizutée et comme je suis plutôt réservée de nature, elle a cru que je ne l’aimais pas. Jusqu’au jour où nous avons passé une soirée ensemble avec d’autres collègues : je lui ai fait du rentre-dedans, pour rire (elle fréquentait des hommes jusque-là, je pensais n’avoir aucune chance). Mais un jeu de séduction s’est installé et notre relation s’est transformée. Nous ne nous sommes pas mises en couple de suite. Mais cela n’avait aucun rapport avec notre travail. Les conséquences professionnelles ne nous ont pas effleuré l’esprit une seule seconde. Nous étions tellement absorbées par ce qu’on vivait toutes les deux que le reste n’avait aucune importance. A tel point que nos collègues nous pensaient en couple avant même que ce soit officiel ! Certains regards ne trompent pas, parait-il… Dans les débuts, nous avons essayé de nous cacher afin de préserver notre intimité. C’était tout nouveau pour Marjorie et ce n’était pas forcément évident pour elle de gérer le regard des autres et la peur du jugement. Cependant, la nouvelle s’est vite répandue parmi nos collègues. Nous l’avons annoncé à certains en qui nous avions confiance et avec qui nous voulions le partager. Leurs réactions ont été plutôt positives : ceux à qui nous en avions fait part volontairement étaient ravis. Et nous n’avons jamais eu de soucis avec les autres, même si nous savons que nous n’avons pas l’approbation de tout le monde.

« Devoir garder une distance professionnelle, ne pas être naturelles entre nous, s’avère parfois difficile à gérer »

Nous aimons travailler dans ce service, ensemble. Et nous avons la chance de pouvoir vivre notre histoire sans que cela pose problème avec nos supérieurs.  En tous cas, pour le moment ! [Rires]. Si nous devions changer d’employeur, ce serait parce que nous souhaiterions voir autre chose, et non pour préserver notre couple. Devoir garder une distance professionnelle, ne pas être naturelles entre nous, s’avère parfois difficile à gérer. Tout comme ne pas lui accorder un traitement de faveur par rapport aux autres collègues.  Il est rare que nous nous disputions. Mais lorsque cela arrive, il est évident que cela impacte notre qualité de travail. Il n’y a aucune échappatoire. Nous nous croisons forcément à un moment. Et je crois que le pire, c’est lorsque les collègues y mettent leur grain de sel. Mais heureusement, cela ne dure que très peu de temps entre nous !

«Le soir, nous pouvons partager nos expériences de la journée ensemble »

Nous travaillons rarement dans la même unité de soins (nous avons 4 étages pour notre spécialité). Les cadres doivent avoir eu vent de notre relation et ne nous mettent pas en binôme. Cela laisse donc une certaine distance et liberté entre nous. Nous ne nous marchons pas dessus. Marjorie est de nature anxieuse, le fait de savoir que je ne suis pas loin et qu’elle peut compter sur moi la rassure.  Le soir, nous pouvons partager nos expériences de la journée ensemble. Cela nous permet à toutes les deux d’évacuer notre stress et de se donner des conseils mutuels. Notre vie ne tourne pas seulement autour du boulot. Nous faisons énormément de choses ensemble. Notre liberté à nous se trouve dans notre quotidien, professionnel et personnel. Bien sûr, il nous arrive parfois de faire des activités séparément, mais il ne s’agit pas d’un besoin de liberté. Nous serions capable de travailler chacune de notre côté mais je crois que cette idée ne nous traverse pas l’esprit.

Les anecdotes de Charlotte et de Marjorie

Il y a cette fois où nous partagions un moment d’intimité à l’abri des regards, lorsqu’un collègue est passé inopinément et nous a surprises en train de nous embrasser. Je ne sais pas lequel d’entre nous était le plus mal à l’aise ! Même si, aujourd’hui, notre relation est officielle, nous ne nous donnons jamais en spectacle. Ou encore cette journée où j’étais débordée par tous les soins à réaliser. Elle est venue m’aider et ce moment de stress est devenu un moment de complicité. Nous en rigolons encore aujourd’hui. Pour finir, il y a toutes ces vies imaginaires que nous avons à travers les rumeurs : Marjorie va se faire inséminer dans tous les pays que nous visitons. Ce sera donc un petit Indien cette fois-ci ! Ma colocataire est parfois incluse dans ces histoires : les gens aiment penser que nous formons un ménage à trois et que les sous-vêtements traînent partout dans l’appartement… En conclusion, je dirais que nous avons droit à tous les clichés. Mais nous le prenons bien, nous avons la tête sur les épaules et faisons la part des choses.

Retrouvez tous les témoignages en intégralité dans le numéro d’octobre de Jeanne Magazine : N’oubliez pas qu’en soutenant Jeanne, vous permettez à votre magazine 100% lesbien de continuer à vous proposer 90 pages de contenu exclusif chaque mois !