Ibtissame Betty Lachgar, psychologue clinicienne de formation a co-fondé en 2009 le Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles – MAROC avec Zineb El Rhazoui, aujourd’hui journaliste chez Charlie Hebdo. Pour Jeanne Magazine, elle revient sur son parcours de militante et ses luttes contre l’obscurantisme, l’intégrisme religieux et le patriarcat. Extrait de l’interview publiée dans le numéro de février.
Pouvez-vous revenir sur la création du M.A.L.I, le Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles au Maroc ? Dans quelles circonstances et pourquoi a-t-il été créé ? M.A.L.I. a été créé en 2009 par Zineb El Rhazoui et moi-même. Zineb, aujourd’hui journaliste chez Charlie Hebdo. Au Maroc, la défense des libertés individuelles est une nécessité. Abus de pouvoir, inquisition socioreligieuse, intolérance, textes de loi abusifs, étouffent nos libertés fondamentales. D’où l’importance de la création du Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles. La liberté au Maroc est loin d’être un acquis, sa préservation ou sa reconquête est un combat à mener au quotidien. Ni les institutions étatiques, ni les hommes politiques ne doivent décider à votre place. Nous voulons une société qui respecte la diversité des femmes et des hommes. Pour que cela devienne une réalité, notre voix doit porter suffisamment haut, imposer nos choix individuels et s’opposer aux lois et pratiques liberticides. C’est l’objectif de M.A.L.I. Nous avons besoin de chacun-e pour faire évoluer les mentalités. M.A.L.I. est un mouvement pacifique de désobéissance civile, un mouvement féministe, laïque et pro-choix. Mali est un jeu de mots, « mali » signifie : qu’ai-je de différent ?
Le 26 septembre dernier, le Maroc a voté contre la résolution du Conseil des droits de l’homme de l’ONU qui intègre les droits LGBT parmi les droits de l’homme. Pouvez-vous nous dire où en est le débat sur l’homosexualité et les droits des homosexuels au Maroc ? La lutte pour la dépénalisation de l’homosexualité est un combat de longue haleine qui ne fait que commencer. Nous luttons contre l’article 489 qui condamne les rapports sexuels entre personne de même sexe, mais également contre l’article 490 qui condamne les relations sexuelles hors mariage. La liberté sexuelle est, malheureusement, loin d’être une préoccupation des associations marocaines. Le débat autour de la problématique homosexuelle est ouvert mais encore très insuffisant. Il n’existe quasiment pas de campagnes et/ou actions luttant contre l’homophobie. Nous nous retrouvons presque seul-e-s face à ce combat, surtout que nous le menons à visage découvert. De nombreux homosexuels sont encore condamnés à 3 ans de prison. Les conditions d’arrestation, les interrogatoires et les conditions de détention ne se font pas sans violence et se passent dans des circonstances moyenâgeuses. L’homosexualité est encore considérée comme une maladie et un mal absolu. Dans les prisons, les homosexuels se retrouvent souvent par exemple en cour de promenade avec des détenus atteints de maladie contagieuse.
Quel impact a eu l’ouverture du mariage aux homosexuels en France sur la communauté des jeunes LGBT marocains ? Le débat autour du mariage aux homosexuel-le-s, il est vrai, a permis une plus grande ouverture autour de la question de l’homosexualité au Maroc. Mais il y a également le revers de la médaille, les détracteurs ont hélas pris place au débat avec des propos encore plus virulents et homophobes.
Ne vous contentez pas de cet extrait et retrouvez l’interview d’Ibtissame Betty Lachagar en intégralité dans le numéro de février de Jeanne Magazine, un bon moyen de soutenir votre magazine lesbien.