50 écoles australiennes avaient prévu de diffuser simultanément Gayby Baby, un documentaire sur l’homoparentalité, ce vendredi à l’occasion de la journée pour la diversité Wear it Purple, mais Adrian Piccoli, le ministre de l’éducation de Nouvelle-Galles du Sud, l’un des Etats les plus peuplés d’Australie, ne l’entend pas ainsi : il vient d’envoyer un mémo à tous les directeurs d’école leur ordonnant de ne pas diffuser Gayby Baby pendant les heures de cours.
Maya Newell est une jeune réalisatrice australienne, qui présente actuellement Gayby Baby, un documentaire qui suit le quotidien de quatre enfants, Gus, Ebony, Matt et Graham, qui vivent dans des familles homoparentales. Avec ces témoignages, Maya prend part au débat lié à la légalisation du mariage entre personnes de même sexe qui a lieu actuellement en Australie. Un sujet qui touche d’autant plus la réalisatrice, elle-même issue d’une famille composée de deux mamans, et qui avait partagé son histoire dans Growing Up Baby, un documentaire qu’elle a réalisé en 2013.
Pour la jeune femme, Gayby Baby est avant tout un documentaire célébrant la diversité qui devrait être diffusé dans toutes les écoles du pays, mais Adrian Piccoli, le ministre de l’éducation de Nouvelle-Galles du Sud, l’un des Etats les plus peuplés d’Australie, ne l’entend pas ainsi. L’homme politique vient en effet d’envoyer un mémo à tous les directeurs d’école concernés par la diffusion du documentaire leur ordonnant de ne pas diffuser Gayby Baby pendant les heures de cours, de 9h à 15h, donnant ainsi raison à une poignée de parents du lycée Burwood Girls High School (BGHS) qui s’était plaint de la future projection de Gayby Baby. Il explique : « Pendant les heures scolaires, nous nous attendons à ce que les enfants fassent des maths, de l’anglais ainsi que les autres cours principaux. Ce film ne fait pas partie de ces cours et c’est pourquoi j’ai pris cette décision ».
Une décision qui a fortement contrarié la réalisatrice qui considère ce refus comme une façon de dire que sa famille « vaut moins » que les autres familles. Elle-même ancienne élève de cette école, elle explique combien c’est « blessant » pour les milliers d’étudiants qui sont allés dans cette école et à qui l’on dit qu’ils sont différents. Charlotte Mars, avec qui Maya Newell a réalisé ce documentaire, a posté sur Facebook le message suivant : « En créant une salle de classe inclusive et en montrant la diversité des familles cela permet le bien-être des élèves et l’acceptation de la différence. Il n’y pas de place pour le harcèlement, l’homophobie ou la discrimination dans les écoles publiques australiennes ».
Le pasteur local s’était, lui aussi, indigné lorsqu’il a appris la diffusion du documentaire à l’école en s’offensant que « le film essaye de changer l’esprit des enfants en promouvant un mode de vie gay », pour lui : « L’école est sensée être neutre et en aucun cas ne doit promouvoir un point de vue politique ».
Ces propos ont fait réagir Katherine Hudson, qui est à l’initiative de Wear it Purple, une campagne qui invite les élèves à s’habiller en violet afin de soutenir la diversité. Elle répond au news.com.au qui l’interrogeait à ce propos : « C’est ridicule. Personne n’est obligé de faire quoi que ce soit. Ils sont encouragés à soutenir la diversité. C’est une question d’acceptation des différences à l’école. Nous soutenons les écoles qui acceptent les gens pour ce qu’ils sont. ».
Même si certains parents se sont plaints de la projection de ce documentaire, heureusement certains autres ont approuvé l’initiative. Comme Paul Bastian dont la fille est actuellement à la BGHS, qui explique être « fier » de ce que faisait l’école pour soutenir les couples de même sexe mais aussi les enfants grandissant dans des familles homoparentales.
Le Dr Simon Crouch (que Jeanne Magazine avait interviewé dans son numéro de juillet 2014), qui travaille aux côtés d’enfants vivant dans des familles homoparentales, a quant à lui expliqué au site news.com.au que le rejet de certains face à ce documentaire, Gayby Baby, pouvait avoir des conséquences néfastes sur ces enfants : « Les enfants évoluant au sein de familles homoparentales grandissent très bien mais ce que nous remarquons c’est qu’ils font face à une stigmatisation, qui a un impact négatif sur eux. (…) Tout ce que les écoles peuvent faire pour soutenir activement la diversité est une grande aide. »
Source : news.com.au
Bande-annonce de Gayby Baby
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