Une étude publiée mardi dans le Journal of Sexual Medicine suggère que l’homophobie pourrait présenter certains éléments s’apparentant à un trouble psychiatrique.

Peu de recherches se sont penchées sur les aspects psychologiques associés à l’homophobie, comme les mécanismes de défense et les symptômes psychopathologiques, une étude, qui vient d’être publiée, examine ces facteurs psychologiques et leurs corrélations avec l’homophobie.

Des chercheurs italiens ont interrogé 551 étudiants universitaires âgés de 18 à 30 ans afin de mesurer leurs degrés d’homophobie, leurs mécanismes de défense et les symptômes psychopathologiques (symptômes qui sont liés aux troubles mentaux). Parmi ce petit nombre de répondants (ce qui explique encore la fragilité de l’étude), ils ont constaté que le psychoticisme et les mécanismes de défense immatures étaient associables à l’homophobie. Il est bien sûr un peu tôt pour émettre des conclusions, mais il semblerait que ce résultat soit exactement ce à quoi s’attendait le chercheur de cette étude, le Dr Emmanuele Jannini, un professeur d’endocrinologie et de sciences des sexes à l’université de Rome Tor Vergata. Ce dernier, qui a expliqué au site Tech Insider qu’il avait conduit cette étude pour trouver étayer sa conviction que l’homophobie peut être causée par des troubles mentaux, va même jusqu’à penser que l’homophobie devrait « absolument » être considérée comme une maladie psychiatrique : « l’homophobie, une phobie, un trait psychopathologique, devrait être présent dans la prochaine édition du DSM (le manuel de diagnostiques utilisé par les psychiatres) ». Et il poursuit : « J’espère sincèrement que les personnes homophobes trouveront une aide professionnelle pour corriger leurs traits psychopathologiques ».

La conclusion de cette étude est loin de faire l’unanimité au sein des chercheurs. Gregory M. Herek, professeur de psychologie à l’université de Californie, qui a étudié pendant des années les préjugés dont sont victimes les LGBT, a quant à lui expliqué au Tech Insider, que considérer l’homophobie comme une maladie mentale n’est pas la bonne manière pour la combattre. Il fait valoir qu’il s’agit avant tout d’un problème de société, et non celui d’individus isolés : « L’approche par la maladie mentale est très psychologique, c’est dans la tête des gens. Cela suggère une façon très individuelle pour traiter le problème : faire une thérapie. ». Il continue : « Le modèle préjudiciable est plus à voir avec la façon dont les gens intègrent les normes de la société, ainsi [pour résoudre le problème] il faut essayer de changer les normes, et essayer de changer l’attitude des gens ».

Même si les conclusions de cette étude sont encore à approfondir comme le concède lui-même le Dr Jannini, c’est la première fois qu’une étude se penche sur les causes de l’homophobie.

Source : Tech Insider