Angeline Jackson vit en Jamaïque, l’un des 76 pays où l’homosexualité est illégale. L’été dernier, après avoir assisté à une conférence sur le sujet à Washington DC, elle a créé l’association Quality of Citizenship Jamaica qui soutient la communauté LGBT sur son île. Rencontre avec cette militante dont le travail a été récemment salué par Barack Obama himself. Extrait de l’interview publiée dans le numéro de juin de Jeanne Magazine.

Vous êtes ouvertement lesbienne dans un pays où l’homosexualité est illégale. Pouvez-vous nous raconter votre coming out ? Faire son coming out est un acte permanent. A l’âge de 13 ans environ, j’ai fait mon coming out auprès de ma mère. Mais cela n’a pas empêché que je sois outée auprès de mes parents à l’âge de 16 ans et une fois encore à l’âge de 20 ans. En ce qui me concerne, j’ai décidé de faire les choses doucement auprès des membres de ma famille dans les années qui ont suivi. Ceci dit, nous n’en parlons jamais avec mes proches, c’est pour cela que quand je dis que j’ai été outée à l’âge de 20 ans, ce n’est pas qu’ils ne le savaient pas, mais c’est juste qu’on le leur a rappelé… Lorsque Jalna Broderick (cofondatrice de l’association) et moi-même avons décidé de créer QCJ, nous nous sommes dit qu’une association dont les membres fondateurs seraient dans le placard ne renverrait pas un message positif à la communauté LGBT. Il était absolument impératif que nous ayons fait notre coming out.

Pouvez-vous justement nous parler de la situation des personnes LGBT en Jamaïque ? (…)  En Jamaïque, beaucoup de LGBT vivent dans la peur permanente en disant le matin qu’aujourd’hui est peut-être le jour où ils seront agressés.

Parlez-nous des actes lesbophobes et des viols correctifs dont sont victimes les lesbiennes dans votre pays… Alors que les lesbiennes et bi sont victimes de violences et parfois de viols, ces histoires ne reçoivent jamais beaucoup d’attention de la part des médias et de ce fait, nous ne connaissons pas avec exactitude la manière dont cela affecte la communauté. Je pense que l’homophobie en Jamaïque est alimentée par la musique et par l’interprétation fondamentaliste des textes sacrés chrétiens. (…)

En avril dernier, le Président Barack Obama a mentionné votre travail et a partagé votre histoire devant l’Assemblée. En quoi ce message de soutien vous a t-il encouragée à poursuivre votre mission ? Laissez-moi vous dire combien j’étais heureuse que le président Barack Obama me mentionne dans son discours. C’était clairement pour l’association le moment d’être la plus visible possible et j’ai été très heureuse de cette opportunité. (…)

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Pensez-vous justement que cette lumière posée sur la Jamaïque grâce au Président Obama permettra au pays d’avancer un peu plus vite en matière de justice sociale ? Je pense qu’il serait un peu trop optimiste de penser que cette lumière posée sur le pays permettrait d’avancer plus vite. En effet, mes doutes viennent en partie du très récent rapport des Nations Unies sous la direction du Conseil des Droits de l’Homme dans lequel certains membres des Nations Unies demandaient à la Jamaïque d’abroger la loi anti-sodomie et de légaliser le mariage entre personnes de même sexe. Mais la Jamaïque a refusé les deux propositions en bloc. (…)

qcjm.org

Retrouvez l’interview d’Angeline Jackson en intégralité dans le numéro de juin de Jeanne Magazine : n’oubliez pas qu’en soutenant Jeanne, vous permettez à votre magazine 100% lesbien de continuer à vous proposer 90 pages de contenu exclusif chaque mois !