Angela Heine nous présente SCWU and our name spells Lesbian, son documentaire qui raconte l’histoire de Southern California Women for Understanding, une association lesbienne de rencontres et de soutien qui a vu le jour aux Etats-Unis en 1976. Extrait de l’interview publiée dans le numéro de septembre de Jeanne Magazine.
Il y a quelques années, vous avez commencé à développer un documentaire sur le SCWU (Southern California Women for Understanding). Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ? SCWU est très spécial pour moi. Cela fait très longtemps que j’ai cette envie de raconter l’histoire de cette association. Je suis d’ailleurs très heureuse de pouvoir enfin le faire aujourd’hui. Cette histoire est importante à mes yeux, car lorsque j’ai eu 3 ans, ma mère m’a expliqué ainsi qu’à mon frère, qu’elle était lesbienne. Elle a toujours été très claire sur le sujet et a fait preuve d’une grande honnêteté avec nous, ses enfants. Nous étions alors à la fin des années 70. Ce n’était pas évident d’être ouvertement out à cette époque et encore moins facile de rencontrer d’autres femmes pour développer une amitié ou une relation amoureuse. Elle a alors découvert le SCWU et a très rapidement commencé à s’investir à leurs côtés. SCWU était principalement composé de femmes lesbiennes encore dans le placard et de quelques femmes qui étaient ouvertement lesbiennes, mais dans une très faible proportion. SCWU représentait alors pour les lesbiennes un véritable petit paradis où elles pouvaient être enfin elles-mêmes. (…)
Comment avez-vous collecté des informations et rencontré les membres du SCWU pour ce film ? De façon assez surprenante, ce ne fut pas aussi compliqué qu’on peut l’imaginer. Je dois d’ailleurs remercier chaleureusement June Mazer, l’une des membres fondatrices de SCWU car dès les années 70, elle a immédiatement pris conscience de l’importance de garder des traces écrites des notes, flyers et autres éléments d’informations que publiait SCWU. Au fil des ans, ces archives ont pris tellement d’ampleur qu’elle a mis en place un centre « Mazer Archives » aujourd’hui situé à West Hollywood. Nous avons donc commencé nos recherches là-bas ce qui nous a, ensuite mené, au centre d’archives de USC puis de UCLA dans lesquels nous avons pu étoffer encore un peu plus nos informations. Pour ce qui est de retrouver les anciennes membres de SCWU, je reconnais que cela fut plus compliqué et cela nous a demandé un travail de recherches beaucoup plus important, mais parce que SCWU avait une place si primordiale dans la vie de ces femmes, beaucoup sont restées en contact aujourd’hui encore. Elles ont développé une amitié tellement forte au fil de ces 30 dernières années, qu’aujourd’hui elles sont très proches les unes des autres. (…)
Vous nous avez expliqué avoir grandi au sein de SCWU avec votre mère. Quels souvenirs gardez-vous de cette période ? Je n’étais qu’une enfant à l’époque alors on pourrait probablement dire de mes souvenirs qu’ils sont plutôt superficiels. Je me rappelle assister à tous les matchs de softball et que chaque année l’équipe organisait une soirée, c’était super ! Si je devais revenir sur le souvenir le plus marquant, je parlerai alors de ma première gay pride. J’avais environ 7 ans et nous étions au tout début des années 80. J’ai adoré la parade, nous avons marché et chanté des chansons, je me suis beaucoup amusée. Alors que nous marchions dans la rue, il y avait un énorme groupe de gens qui protestaient contre la gay pride. Ils portaient tous d’immenses pancartes qu’ils brandissaient de gauche à droite et je me souviens d’une personne qui nous hurlait dessus « Sortez cet enfant de là. Sortez cet enfant de là. ». Ca m’a énormément fait peur. Ma mère s’est approchée de moi et m’a pris dans ses bras. J’ai grandi avec de merveilleuses femmes autour de moi, elles étaient exceptionnelles et tellement protectrices que je ne comprenais pas, en tant qu’enfant, pourquoi ces personnes les détestaient autant et les voyaient comme d’horribles personnes.
Retrouvez l’interview d’Angela Heine en intégralité dans le numéro de septembre de Jeanne Magazine. En vous abonnant à Jeanne, vous permettez à votre magazine 100% lesbien de continuer à vous proposer 90 pages de contenu exclusif chaque mois !