Hier, la Cour suprême des Etats-Unis a suspendu la possibilité de célébrer des mariages homosexuels dans l’Etat de Virginie. Emily Schall Townley, une jeune fille de 16 ans, vient d’écrire une lettre très émouvante sur le site de Human Rights Campaign, dans laquelle elle parle de ses deux mamans qui se sont mariées en 2008 à San Francisco, et qui ont rejoint la procédure judiciaire Bostic v. Schaefer entamée en 2013 par un couple gay, pour que leur mariage soit reconnu en Virginie.

« Cela fait mal de voir qu’il existe des gens dans le monde qui jugent que ma famille est moins importante juste à cause de la sexualité de mes parents »

« Si vous me regardez, vous ne verrez rien de très extraordinaire. Je suis une jeune fille de 16 ans qui va à l’école, sors avec mes amis et qui passe du temps avec ma famille. Mais une chose est cependant spéciale, c’est le fait que mes parents font partie des plaignantes en Virginie dans l’affaire Bostic v. Schaefer.

Mary Townley et Carol Schall sont mes mères depuis toujours et je les ai toujours considérées comme telles. En grandissant, je ne les ai jamais vues autrement que comme tous les autres parents que je connais. Elles sont mes parents. Elles ont toujours pris soin de moi, m’ont éduquée et cela a été un peu dur lorsque j’ai compris que nous n’étions pas traitées comme toutes les autres familles. Cela fait mal de voir qu’il existe des gens dans le monde qui jugent que ma famille est moins importante juste à cause de la sexualité de mes parents. Malgré l’animosité que certains ressentent pour des familles comme la mienne, je ne pourrai pas être plus fière de mes parents qu’aujourd’hui alors qu’elles participent à ce grand mouvement en faveur du mariage de personnes de même sexe à travers le pays.

Lorsque mes mères se sont engagées dans ce combat, j’ai accepté d’être photographiée mais je ne souhaitais pas vraiment prendre la parole. Je suis plutôt quelqu’un de discrète. Mais cela a changé pour moi lorsque nous sommes allées au tribunal de Norfolk. J’y ai entendu l’opinion de parents qui ne comprennent pas les miens. Et pour faire court, ça n’était pas sympa. J’y ai également vu des messages qui disaient que mes parents n’étaient pas bons pour moi. Ces arguments m’ont paru absurdes. Juste devant moi, l’avocat de la partie adverse disait que des parents comme mes mères font de mauvais parents pour leurs enfants. J’ai été tellement choquée que j’ai demandé à mes mères si ces gens là pensaient vraiment ce qu’il disent. Honnêtement, comment quelqu’un peut-il être aussi critique ? Ce n’est pas juste. Alors j’ai réalisé que pour contrer ces critiques, je devais parler. C’est à ce moment là que j’ai décidé de prendre la parole lors d’une conférence de presse après l’audience. J’ai senti que c’était important de dire à tout le monde que ma famille est normale. J’ai mes mères, elles m’aiment, tous ceux qui me connaissent savent comment elles sont, et autant que je sache, personne n’est traumatisé par la situation. En fait, tous mes amis adorent mes mères et pensent qu’elles sont « cool ».

« c’est tout simplement un mensonge que de suggérer que mes mères ne sont pas capables d’être de bons parents tout simplement parce qu’elles s’aiment l’une l’autre »

J’ai appris à l’école ce qu’était la discrimination tout au long de l’Histoire. J’ai appris que l’une des manières les plus faciles d’encourager la discrimination est de dire aux autres que les « personnes différentes » sont dangereuses pour les enfants. C’est pourquoi je prends la parole aujourd’hui. Mes mères sont des personnes aimantes et aimables avec les gens. Elles travaillent dur pour aider les enfants qui nécessitent des besoins particuliers et sont de très bons parents.

Quoi que puisse dire la partie adverse, c’est tout simplement un mensonge que de suggérer que mes mères ne sont pas capables d’être de bons parents tout simplement parce qu’elles s’aiment l’une l’autre. C’est également un mensonge que de dire que je suis mal dans ma peau à cause de ma famille. Je suis aimée et j’ai appris à donner de l’amour aux autres justement parce que mes mères sont de bons, et même de très bons parents.

« Le jour où le mariage entre personnes de même sexe sera légal, ce sera un grand jour pour les enfants comme moi. »

Parce que nous vivons en Virginie, nous sommes une famille dans tous les sens du terme, mais pas aux yeux de la loi. Ma mère est légalement une étrangère pour moi. Je n’obtiendrai peut-être pas ce qui est relatif à la retraite et à l’héritage, et je dois toujours affronter le regard bizarre de la personne qui observe mes mères pour renouveler mon passeport. Cette personne qui ne nous connaît pas du tout et qui peut décider qui est ma mère et qui ne l’est pas. Alors, pour moi, l’ouverture au mariage pour les personnes de même sexe, c’est une chance d’être vues pour ce que nous sommes : une famille. Le jour où le mariage entre personnes de même sexe sera légal, ce sera un grand jour pour les enfants comme moi. Ce jour là, nous serons juste plus près de l’égalité pour tous. »

Photo : WAMU/Jacob Fenston 

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