La première édition du festival d’art lesbien, la Lesbiennale, se tiendra du 8 au 10 octobre à Bruxelles, rebaptisée pour un week-end « capitale mondiale de l’art lesbien ». Organisée par EL*C (Eurocentralasian Lesbian Community), la plus grande fédération d’associations lesbiennes d’Europe et Asie Centrale, l’événement proposera pendant trois jours des débats, des expositions et accueillera des artistes, des politiques, des écrivaines, des militantes et des figures majeures du féminisme francophone contemporain. En complément des multiples événements de festival des arts lesbiens et afin de s’adapter aux règles sanitaires en vigueur, une galerie d’arts digitale exposera gratuitement 600 œuvres d’artistes du monde entier. Leila Lohman, codirectrice d’EL*C et coordinatrice de la Lesbiennale nous en dit plus sur cet événement à ne pas manquer ! Extrait de l’interview publiée dans le numéro 89 de Jeanne Magazine

Pouvez-vous nous présenter les fondatrices de la Lesbiennale ? La Communauté Lesbienne* d’Europe et Asie centrale – (« EL*C ») est un réseau lesbien féministe et intersectionnel. L’EL*C est née d’un espace auto-organisé en 2016, reconnaissant la multitude de besoins entourant les droits, la visibilité et le bien-être des lesbiennes à travers l’Europe et l’Asie centrale. En octobre 2021, pour coïncider avec la Journée internationale des lesbiennes, l’EL*C prévoit d’organiser son premier festival d’art lesbien, la Lesbiennale, qui se concentrera sur les productions lesbiennes dans le domaine des arts, de la culture et de la politique. (…)

Pouvez-vous revenir sur la création de cette la première et nous en expliquer les objectifs ? En 2021 nous devions organiser notre troisième grosse conférence internationale lesbienne (après Vienne en 2017 et Kiev en 2019). À cause de la pandémie, nous avons décidé de la repousser à 2022. Entretemps, sachant qu’énormément d’artistes ont souffert pendant la pandémie à cause d’innombrables performances annulées etc et ayant pour idée d’organiser un festival d’art lesbien depuis 2018, nous avons saisi l’occasion tout en sachant qu’il faudrait organiser un festival hybride. Au final, cette expansion est très organique pour EL*C : historiquement, les lesbiennes radicales et les artistes ont testé, défié et souvent proposé des alternatives aux modes d’organisation des sociétés. Sur le plan pratique, avec les voyages et les déplacements limités et avec quelques-unes de l’équipe EL*C basé à Bruxelles cette ville est devenue une très bonne option pour l’organisation de la première édition de notre festival d’art lesbien. La ville de Bruxelles nous permet de mettre une belle emphase sur la visibilité lesbienne dans divers lieux, grâce à l’occupation de l’espace publique comme la bibliothèque flamande de Bruxelles ou grâce encore aux banderoles offertes par visit.brussels. De plus, la ville étant habitée par un grand nombre de collectifs lesbiens, féministes et intersectionnels nous pouvons également mener un travail de collaboration et de solidarité approfondi. Enfin, la ville est propice à l’accueil de débats politiques, ce qui nous ravis étant donné qu’un des objectifs du festival est de proposer des débats et discussions à l’intersection de la politique, de la culture et des arts. C’est pourquoi, par exemple, nous proposons un débat sur la lesbophobie en milieu publique et dans les médias avec la participation de Mme Schlitz, Secrétaire d’État à l’Égalité des genres, à l’Égalité des chances et à la Diversité, adjointe au ministre de la Mobilité (Belgique). (…)

Pouvez-vous nous parler un peu de la richesse du programme proposé ce week-end du 8 octobre et nous en présenter les intervenantes ? Avec la Lesbiennale, notre objectif est d’encourager le sentiment de communauté qu’apporte l’art et la culture lesbienne. C’est pourquoi nous y invitons des artistes, des écrivaines et des figures majeures du féminisme francophone contemporain comme Alice Coffin, Iris Brey, Tahnee Regent et Joëlle Sambi Nzeba. Afin de diffuser nos événements plus largement, nous avons décidé d’en mettre certains en ligne, notamment la présentation d’Iris Brey à la cinematek ou encore la discussion entre Joëlle Sambi Nzeba et Alice Coffin au Passa Porta. Nous voulions également organiser une discussion plus sérieuse sur la lesbophobie dans l’espace public et dans les médias avec des politiciennes belges, des eurodéputées, mais aussi avec des activistes lesbiennes phares venues de Hongrie par exemple, Dorottya Redai, récemment nommée dans la liste des personnes les plus influentes en 2021 par Time Magazine. Tous ces débats et discussions auront lieu dans divers espaces à Bruxelles afin d’occuper un maximum d’espace durant le festival. Par ailleurs nous avons la chance de collaborer avec certaines organisations et lieux qui mettront à disposition leurs murs pour y présenter quelques-unes des 600 œuvres qui nous seront parvenues via l’appel à projets artistiques. Et si seulement certaines des œuvres reçues seront exposées à Bruxelles, toutes seront disponibles dans notre galerie en ligne. Pour les participantes présentes à Bruxelles le week-end du 8 octobre, ce sera aussi l’occasion de découvrir la ville sous le prisme d’un œil résolument lesbien. L-Tour est d’ailleurs partenaire de l’événement. (…)

Avec ce festival et son éclectisme artistique et culturel, la Lesbiennale compte bien visibiliser l’art lesbien sous toutes ses formes. En quoi diriez-vous que l’art donne du pouvoir aux femmes LBQ ? Historiquement, les lesbiennes radicales et les artistes ont testé, défié et souvent proposé des alternatives à la manière dont les sociétés étaient organisées. À l’époque où la censure, voire la criminalisation, était en place, les gens ont dû faire preuve d’une créativité accrue. La possibilité offerte par l’expression artistique de proposer de nouvelles options sur la façon dont les choses pourraient être a attiré de nombreuses personnes homosexuelles, y compris des lesbiennes, vers la création artistique. Dans ce sens, l’art devient un moyen, comme un pont ou peut-être même une forme de langage subversif utilisé pour exprimer de nouvelles idées et faire de nouvelles propositions, qui ont souvent le potentiel de générer une réflexion, un questionnement ou même un changement de paradigme. Les productions artistiques mises au monde par des lesbiennes constituent un matrimoine culturel précieux. Ces productions représentent souvent notre vision alternative partagée et collective de la société. Ces productions servent de « ciment social » pour les lesbiennes.

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Retrouvez l’interview de Leila Lohman, en intégralité dans le numéro 89 de Jeanne Magazine

– Toutes les informations sur : lesbiennale.art
– Ouverture de la galerie d’art digitale en octobre et disponible ici lesbiennale.art/gallery/
– Infos générales sur EL*C: europeanlesbianconference.org

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