A 1 mois de la sortie du film La Belle saison, réalisé par Catherine Corsini, Cécile de France a accordé une interview à TGV Magazine dans laquelle elle revient longuement sur son nouveau rôle lesbien.

A cause de certains de vos rôles, on vous a longtemps collé une étiquette « gay » sur la peau. La question récurrente des journalistes était même : « Êtes-vous homosexuelle dans la vie ? » C’est vrai. Il faut dire que j’ai accepté de jouer ce genre de rôles à plusieurs reprises. Dans la trilogie de Cédric Klapisch déjà, dans Haute tension, Sœur Sourire… J’étais devenue la lesbienne du cinéma français ! Cela ne me dérange pas du tout, je suis même fière de porter cet étendard, fière que l’on puisse s’identifier à mes personnages. J’en avais juste un peu marre de jouer toujours le même rôle. A un moment, j’avoue avoir eu peur de ne faire que ça et d’en être malheureuse. Je craignais que les réalisateurs s’empêchent de m’imaginer autrement.

Avec La Belle saison, vous donnez le bâton pour vous faire battre… (Rires.) Pour l’anecdote, quand Catherine Corsini m’a proposé ce personnage de femme qui tombe amoureuse d’une autre femme, même si je trouvais que c’est une réalisatrice incroyable, je me suis d’abord dit : ah non, ça suffit maintenant ! Et puis elle m’a avoué qu’elle n’était pas sûre de vouloir faire le film sans moi, pour qui elle avait écrit ce rôle. Du coup, j’étais un peu sous pression et j’ai accepté de lire le scénario. Je l’ai refermé en me disant : tant pis, je le fais. J’ai tellement aimé ce personnage. Mais ce sera sans doute le dernier film dans lequel j’interprète une lesbienne… (Sourire.)

Que le film soit réalisé par une femme elle-même homosexuelle change-t-il quelque chose ? Oui, parce que c’est inspiré de sa vie. Elle a apporté au film un point de vue personnel, une sincérité bouleversante. C’est très précieux. Et ce n’est rien d’autre qu’un film d’amour.

Appréhende-t-on les scènes d’amour entre femmes de la même façon ? C’est finalement presque plus facile à tourner avec une fille. Parce qu’on est entre copines. Et comme nous sommes hétéros toutes les deux, il n’y avait pas d’ambivalence, aucun sous-entendu. Alors qu’avec un homme, c’est plus délicat.

C’est, en effet, une belle histoire d’amour, mais aussi un film où la petite histoire se mêle à la grande, époque féministe. Que connaissiez-vous de ce combat ? Ne serait-ce qu’avec ma mère, je n’ai pas grandi totalement éloignée du féminisme. Mes parents étaient très libres d’esprit, tendance anarchistes, ils m’ont eue très jeunes. Ce n’était déjà plus l’époque du MLF, mais les conversations étaient très ouvertes : la pilule, l’amour, la sexualité… Je suis le digne héritage de ce combat. Raconter la liberté est ancré en moi depuis l’enfance. Alors, le fait d’avoir à interpréter un tel rôle a été très intense. Catherine nous a nourries de documents, d’archives. Et en voyant le film, je trouve que cette liberté très euphorisante se ressent bien. L’idéologie, la force de la jeunesse qui passe au-dessus des barrières, défonce des murs. C’est incroyable de ressentir une telle fureur. Aujourd’hui, ça n’avance plus vraiment. Je ne me sens pas particulièrement féministe, mais je suis encore choquée par certains comportements rétrogrades, notamment sur la question des salaires.

Interview à lire en intégralité dans TGV Magazine.