Photographe autodidacte, Jessie C. vient d’auto publier The Kiss, un mook mêlant textes et photographies sur l’amour entre femmes : « une dédicace intimiste à l’amour lesbien ». Un projet qui lui a permis d’associer son amour de l’image et son engagement associatif, la jeune femme étant également à l’origine de l’association OnlyGirls à Annecy. Rencontre avec une militante qui œuvre pour plus de visibilité lesbienne. Extrait de l’interview publiée dans le numéro de novembre de Jeanne Magazine.

Quel est l’objectif de « The Kiss » et comment est né ce projet ? Je cherchais un nouveau projet photographique pour l’été car comme chaque année, j’ai besoin de m’évader de la routine du photographe professionnel social, de créer des images hors des sentiers battus de photos lifestyles hétéro-normées et de réaliser un projet plus artistique et plus personnel. J’ai donc décidé de réaliser un projet solo en collaboration avec l’association. Je voulais faire un livre qui parle de femmes qui s’aiment, de couples de femmes amoureuses pour un projet mettant en avant le romantisme et l’amour lesbien au travers de mon regard de photographe. Un projet bien réel et non scénarisé, travaillé sur des photographies « instantanées » et naturelles.

C’était important pour vous de visibiliser l’amour lesbien ? La visibilité sera toujours le combat capital de notre communauté, chaque militant apporte sa pierre à l’édifice de notre reconnaissance, à sa façon. Il faut des modèles pour s’accepter, s’identifier et se construire en tant qu’homosexuelles, je me souviens, qu’au début, j’ai trouvé des modèles fictifs dans les livres, les séries TV et les courriers du cœur de magazines hétéros. Nous avons besoin, aujourd’hui, comme hier, de véhiculer des images positives et bien réelles, démontrer aux personnes isolées quelles ne sont pas seules et que tout cela n’a rien de contagieux, hors-norme etc. Ce projet, c’est ma façon à moi de contribuer à cette visibilité, en utilisant un média que je maîtrise et qui me passionne.  

Y a-t-il des points, des envies, des difficultés communes entre toutes les femmes que vous avez rencontrées ? Un point commun « l’amour », une envie commune « aimer », et vivre cet amour comme tout le monde, sans avoir à se cacher, à rougir. Malgré tout, certaines d’entre elles se sont inquiétées sur les discriminations éventuelles que pourrait engendrer l’ouvrage à sa publication. Moi-même durant plusieurs années, j’ai dissocié mon activité de photographe de mon engagement associatif, séparant les entités, filtrant mes clichés de peur de perdre mes clients. Aujourd’hui plus que jamais, je comprends l’importance du militantisme, et puis si je perds deux ou trois clients au passage qui ne m’acceptent pas telle que je suis et que cela permet à d’autres de vivre heureux, épanouis et de sortir du placard, ma satisfaction en sera tellement plus grande.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre association OnlyGirls, quand et comment a-t-elle été créée, que proposez-vous à vos adhérentes ? L’association telle qu’elle est aujourd’hui a été créée en 2010, à l’origine (2006) il s’agissait d’un simple regroupement en ligne sous la forme d’un forum de discussion et d’échanges avec quelques sorties annuelles. J’avais créé cet espace afin de permettre aux filles d’avoir un moyen de se retrouver, de partager et simplement parce que l’exclusion des minorités est monnaie courante en province. Moi-même j’étais un peu perdue quand je suis sortie du placard à 19 ans, je ne savais pas vers qui me tourner, j’imagine que j’aurais aimé qu’un support comme celui-ci existe, alors je l’ai fait. Petit à petit, le groupement a pris de l’ampleur, drainant d’année en année de nouvelles inscrites. Puis en 2010, le milieu annécien, qui connaissait déjà une grosse pénurie d’établissements LGBT a pris son dernier coup de massue avec la fermeture de la seule boite Gay & Friendly locale (le Happy People). Beaucoup d’établissements de nuit ont alors essayé de surfer sur la vague afin de récupérer la clientèle. Quand l’un d’entre eux est venu me trouver pour l’organisation de soirées privées, nous avons alors lancé la première soirée 100% filles, la Onlygirls. Le collectif est alors passé sous le statut d’association loi 1901, tout d’abord avec des soirées exclusivement réservées aux filles, comme le projet était à l’initiative d’un groupement lesbien. Puis cette année, sur des projets d’évènements mixtes nous permettant ainsi de nous ouvrir à toute la communauté. Nous proposons un évènement par mois, des petits apéros mix avec DJ et de plus grosses soirées avec une thématique, un repas et des intervenants variés, (DJ Guest, associations, artistes…) afin de promouvoir la culture LGBT. Nos membres cotisent pour le moment à l’évènement sous forme de participations aux frais des rassemblements. Nous projetons de développer des adhésions mensuelles d’ici l’année prochaine, dès que le bureau associatif aura étudié la question.

www.asso-og.com

Retrouvez l’interview de Jessie en intégralité dans le numéro de novembre de Jeanne Magazine . N’oubliez pas qu’en soutenant Jeanne, vous permettez à votre magazine 100% lesbien de continuer à vous proposer 90 pages de contenu exclusif chaque mois !