C’est bien connu, quand on est amoureuse, on se sent pousser des ailes. Et certaines sont prêtes à tout lâcher, quitte à repartir à zéro pour suivre l’élue de leur cœur. Famille, travail, amis, région et même pays, les lectrices de Jeanne Magazine qui ont tout quitté par amour témoignent et partagent avec nous leurs parcours. Ont-elles eu raison de franchir le pas ? Avec le recul, quel bilan tirent-elles de cette expérience ? Parmi les témoignages publiés dans le numéro d’août de Jeanne, découvrez un extrait de celui de Marie, 21 ans, professeure d’anglais et de maths dans une école maternelle de Bangkok. Originaire de Lyon, elle a tout quitté il y a un an pour vivre en Thaïlande avec Bow, sa fiancée.

Pouvez-vous revenir sur votre parcours ? J’ai eu un BAC L il y a 3 ans. Je suis rentrée dans une école privée à Lyon pour étudier la traduction et les relations internationales. Je devais faire une immersion de 6 mois en pays anglo-saxon pour pratiquer mon anglais et me confronter au monde du travail. De juin à janvier 2014 je suis donc partie à Wellington en Nouvelle-Zélande, où j’ai trouvé un emploi en restauration dans un hôtel. Pour gagner plus d’argent, j’ai proposé mes services à la gouvernante pour des heures supplémentaires en tant que femme de chambre. Vu que je n’avais pas vraiment d’expérience dans le domaine, j’étais toujours couplée à quelqu’un d’autre pour travailler. Et on m’a mis avec Bow. Bow était en stage dans cet hôtel pour compléter sa formation (BTS hôtelier). Après, les choses se sont faites naturellement. Elle avait un anglais suffisant pour qu’on ne soit pas gênées par la barrière de la langue. (…)

Avez-vous réfléchi longtemps avant de sauter le pas et de tout quitter pour elle ? On avait commencé à en parler dès la première séparation (quand je suis rentrée en France après les 6 mois en Nouvelle-Zélande). Mais partir et tout quitter pour la Thaïlande à ce moment-là était inenvisageable. Cela ne faisait que 4 mois qu’on était ensemble et je trouvais le pari beaucoup trop risqué. Quand elle est rentrée en Thaïlande la deuxième fois et que les procédures s’éternisaient, on a commencé à y réfléchir sérieusement. Ça faisait plus d’un an qu’on était ensemble à ce moment-là et on est passées par pas mal de coups durs en plus des 10 000 kilomètres de distance, qui m’ont prouvé qu’on était des personnes fortes et que je pouvais compter sur elle. (…)

Qu’avez-vous concrètement quitté pour elle ? Tout ! Mes amis, ma famille, ma ville, mon confort quotidien, le fait d’être chez papa-maman et de ne pas avoir à me soucier des problèmes d’adultes… Mon équipe de rugby aussi ! Il n’y a pas une chose de ma vie d’avant que je n’ai pas quittée pour elle. Mais elle avait fait la même chose quand elle est venue en France. Le choc a été d’autant plus rude pour elle, elle n’avait jamais mis les pieds en Europe. Le choc culturel et l’adaptation ont été beaucoup plus difficiles pour elle en France que pour moi en Thaïlande.

Qu’est-ce qui a été le plus difficile de lâcher de votre ancienne vie ? Mes frères et mes meilleurs amis. J’ai toujours été très proche de mes petits frères, les laisser derrière a été dur. Celui de 11 ans ne comprenait pas trop pourquoi du jour au lendemain je n’étais plus à la maison. Celui de 20 ans est comme mon jumeau. Il avait été très affecté par mon départ en Nouvelle-Zélande alors il a été très fâché après moi quand je suis partie pour la Thaïlande. (…)

Avez-vous eu des difficultés à vous adapter à cette nouvelle vie ? La barrière de la langue à un certain point. Quand on est arrivées en Thaïlande, on est directement allées chez ma belle-famille. Ils ne parlent pas anglais, je ne parle pas Thaï, ils ne parlent que le Laotien (c’est le dialecte qu’ils utilisent dans la région de ma copine. Ils comprennent le Thaï mais ils ne le parlent pas…). C’était folklorique ! (…)

Aujourd’hui, quel bilan tireriez-vous de cette nouvelle vie ? Honnêtement, que du positif. Je vais reprendre l’université pour être professeure d’anglais pour des non-anglophones, je vais me pacser bientôt, Mademoiselle Bow a un travail enrichissant et gagne très bien sa vie et moi aussi. On a une vie stable et équilibrée avec des boulots très intéressants. Et quand je vois tous les problèmes qu’il y a en France et en Europe en ce moment, je suis bien contente d’être ici. La vie est douce en Thaïlande, même si Bangkok est une grosse ville (…)

Et si c’était à refaire ? Je pense que je ferais les choses différemment avec ma famille. Après coup, je me suis rendu compte qu’ils pouvaient comprendre les choses, ou du moins les entendre. Ca m’aurait évité de me fâcher avec eux pendant un temps. Mais en aucun cas je ne reviendrais sur ma décision.

Quels conseils donneriez-vous à nos lectrices qui ont ce désir de changement de vie ? Je ne pense pas être de bon conseil parce que je suis plutôt têtue. Je dirais que tout le monde voit les choses différemment. Mais une chose est sûre, parfois le changement est nécessaire. Et si ce n’était pas la bonne chose à faire, il y a toujours moyen de recommencer.

Retrouvez les témoignages en intégralité dans le numéro d’août de Jeanne Magazine. En vous abonnant à Jeanne, vous permettez à votre magazine 100% lesbien de continuer à vous proposer 90 pages de contenu exclusif chaque mois !