Le 29 avril dernier, les enfants de Marilena Grassadonia et de sa compagne sont devenus les premiers en Italie à avoir officiellement deux mamans. Pour Jeanne Magazine, Marilena, qui est également  la présidente de l’association Famiglie Arcobaleno (Familles arc-en-ciel), revient sur cette grande première et sur la loi d’union civile pour les couples homosexuels qui vient d’être votée en Italie. Extrait de l’interview publiée dans le numéro de juin de Jeanne Magazine. 

Marilena, pouvez-vous nous parler un peu de vous et de votre famille ? Je suis en couple avec ma compagne depuis 19 ans. Nous sommes originaires de Sicile toutes les deux et nous avons déménagé à Rome il y a un peu de plus de 10 ans. Nous nous sommes mariées en Espagne en 2009 et nous y avons conçus nos enfants grâce à la procréation médicalement assistée. Nous avons trois enfants, le plus grand a huit ans et nos jumeaux ont trois ans.

Le 29 avril dernier, vos trois enfants ont été les premiers en Italie à officiellement avoir deux mamans. Pouvez-vous revenir sur la décision du tribunal ? Cette décision est intervenue après un très long combat pendant lequel nous avons dû rassembler un nombre incroyable de preuves justifiant de nos liens de famille. Au-delà de ces justificatifs, nous avons dû nous rendre à de nombreux rendez-vous avec des travailleurs sociaux, des avocats, et enfin, avec le juge. Ce fut un processus très stressant et bien que nous soyons très heureuses du jugement final, nous espérons que dans un avenir proche, plus aucune famille n’aura à traverser ce que nous avons dû traverser… J’ai toujours eu trois enfants, simplement aujourd’hui c’est noté noir sur blanc sur les documents administratifs !

Quelques jours plus tard, le 11 mai, l’Italie a voté l’union civile entre personnes de même sexe. Quelle a été l’ambiance en Italie durant les débats précédant le vote ? Les débats ont été houleux, difficiles et souvent se sont égarés… Ce que je veux dire par là, c’est que la majorité des débats ont porté sur l’adoption et l’homoparentalité, alors qu’aucun de ces deux sujets n’était inclus dans le cadre de la loi. (…)

Pour faire passer la loi sur l’union civile, Matteo Renzi a été en effet obligé de retirer la question de l’adoption. Cela a dû avoir un goût amer pour vous qui êtes une militante si active en faveur de l’homoparentalité… En effet, mais nous continuons sans répit nos combats en les emmenant au tribunal et cela nous vaut d’ailleurs de nombreux jugements positifs qui vont en notre faveur. Et nous continuerons de nous battre jusqu’à ce que nous obtenions la possibilité de reconnaître nos enfants à la naissance et que notre pays légalise l’adoption pour toutes les personnes célibataires et tous les couples, sans distinction d’orientation sexuelle. (…)

D’après vous, qu’est-ce qui explique que l’Italie fait partie des derniers pays européens à avoir ouvert l’union civile aux couples de personnes de même sexe ? L’Italie est encore aujourd’hui une société très patriarcale, il suffit de regarder la condition des femmes et aussi le faible pourcentage de femmes qui ont un emploi. Nos familles homoparentales cassent clairement les codes établis et montrent combien les femmes peuvent être indépendantes et vivre sans homme, et ainsi avoir une famille, une vie, un travail. (…)

www.famigliearcobaleno.org/it

Retrouvez l’interview de Marilena Grassadonia en intégralité dans le numéro de juin de Jeanne MagazineEn vous abonnant à Jeanne, vous permettez à votre magazine 100% lesbien de continuer à vous proposer 90 pages de contenu exclusif chaque mois !