Encore une belle histoire de femmes qui osent et qui s’aiment dans Jeanne Magazine : une infirmière québécoise et une vétérinaire alsacienne passionnées de vin, 3 hectares de vigne en bio… Carole et Jo nous présentent le domaine les Cabotines, à Collias, dans le Gard provençal. Extrait de l’interview publiée dans le numéro de janvier de Jeanne Magazine.

Comment se sont passés les débuts au domaine ? La quantité de travail était vraiment très importante : création du domaine, de la cave, achat de matériel, restructuration des vignes. Sans notre petit grain de folie, tout cela aurait pu être très épuisant, mais un grain de folie est très utile dans ces grands moments de création. J’appelle cela de la poudre de fée ! On la saupoudre pendant les moments de doute et tout s’illumine ! Elle donne la foi, le courage, la force et nous permet de garder le rêve intact…

Qu’en est-il aujourd’hui ? Nous avons notre clientèle fidèle dans le village mais ce n’est pas l’essentiel de nos ventes. Comme dirait un de mes amis de Collias, acheter du vin chez les Cabotines est un geste politique dans ce village qui vote extrême droite, rempli de clans sociaux un peu prisonniers, il faut bien le dire, de leurs guerres de clocher qui les ligotent psychologiquement depuis des générations. Un peu de sang lesbien ne peut que faire du bien non ? D’ailleurs il y a de plus en plus de gays dans ce coin de pays et ce n’est pas nous qui allons nous en plaindre…

Avez-vous été soutenues à Collias lorsque votre projet a pris vie ? Femmes autonomes, indépendantes, nous n’attendions rien de ce village que nous ne connaissions pas. Notre cœur à l’ouvrage, notre enthousiasme et notre détermination ont su conquérir visiblement les gens de ce petit patelin,  puisque dès la première année nous avons été surprises de voir que des gens du village se sont proposés pour venir nous aider aux vendanges. Mais pour répondre à votre question, le village (politique j’entends, la mairie et autre structure administrative) ne nous a pas soutenues mais ne nous a pas mis de bâton dans les roues, on était contentes.

Votre exploitation compte principalement que des employées femmes. Est-ce important pour vous de conserver cette fibre féminine ? Oui, j’y tiens énormément. Nous ne sommes pas sectaires. Des hommes viennent nous aider au domaine, mais le noyau dur de l’équipe reste essentiellement féminin. J’ai eu beaucoup de mal quand j’ai étudié la viticulture à trouver des stages en tant que femme. Bien sûr, ce n’était jamais la raison évoquée par les domaines qui refusaient mon CV, mais j’avais l’intime conviction que c’était pour cela. Du coup, j’aime privilégier  le monde féminin chez nous au domaine. Je n’ai jamais regretté ce choix.

Parlez-nous du documentaire « Les Cabotines, le vin au féminin », qui a été réalisé sur votre parcours… La réalisatrice Fiona Cunningham Reid est londonienne et a découvert le caveau par hasard lors de vacances dans le village. Tout de suite notre histoire l’a interpellée et deux mois après, elle débarquait pendant un an avec son équipe de techniciens. Ce fut une aventure très touchante avec des témoignages incroyables. Ce documentaire Les Cabotines, le vin au féminin est un très bel hommage rendu à notre domaine, nos amis, les gens qui nous accompagnent dans cette belle aventure. De plus, ce qui n’est pas pour me déplaire, je trouve ce documentaire très pédagogique. On y apprend la vie, la joie et le vin aussi…

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domainelescabotines.fr

Ne vous contentez pas de cet extrait et retrouvez l’interview en intégralité dans le numéro de janvier de Jeanne Magazine, un bon moyen de soutenir votre magazine lesbien.