Pauline Hillier vient de sortir A vivre couché, un premier roman très réussi. Une plongée dans des personnages féminins qui a forgé l’intérêt de l’auteure pour une cause qui lui est chère : le féminisme. Aujourd’hui, à 27 ans, Pauline est membre active des Femen, elle a participé à de nombreuses actions, notamment celles contre l’homophobie à Notre-Dame, et récemment devant le palais de justice de Paris et face à François Hollande pour soutenir les activistes Eloise Bouton et Yana Zhdanova, accusées d’exhibition, et protester contre leur condamnation. Extraits de son interview publiée dans le numéro de novembre de Jeanne :

A vivre couché - Onlit Editions

Qui êtes-vous Pauline ? J’ai 28 ans. Je suis écrivaine, activiste Femen et serveuse dans une rade parisienne. Je suis lesbienne. Je suis féministe. Je suis de gauche. Je suis née un vendredi. J’ai perdu ma virginité à 18 ans. Mes parents ne sont pas divorcés. Je mesure 1m71. Je ne sais pas skier. Je pesais 4kg180 à la naissance. J’ai failli mourir deux fois. Je ne crois pas en dieu. J’ai le permis de conduire. J’ai fait de la prison en Tunisie. Je vis dans un squat. Je fais du foot tous les lundis soirs. J’ai regardé sous mon lit avant de dormir jusqu’à mes 16 ans. J’ai 4 prénoms. J’ai toujours une dent de lait. Je ne bois pas de café.

Vous avez écrit A vivre couché avant de rejoindre les Femen. En quoi ce livre a- t-il été un déclencheur? Avec le recul, je me rends compte que l’écriture de mon roman a véritablement été mon introduction en féminisme. Dans le livre, on rencontre toutes les figures de femmes salies ou bafouées, comme si j’avais dressé un inventaire. Cependant, mon personnage sort vainqueur de chaque situation. C’est une rebelle qui s’émancipe peu à peu des dictats patriarcaux, pour ne finir par faire que ce qu’elle veut, quand elle veut. Deux semaines après avoir achevé mon roman, j’ai quitté Bordeaux où je vivais pour rejoindre les Femen, presque sur un coup de tête. D’une certaine manière, je me suis dit que pour moi aussi il était temps de ne plus « vivre couché », et de partir à l’aventure.

D’où vous viennent votre féminisme et votre engagement militant ? J’ai milité un temps au PS mais me suis vite rendue compte que cette forme de militantisme ne me convenait pas, je recherchais un engagement plus total, plus direct, et plus révolutionnaire. Je ne suis pas énarque, je n’ai jamais fait de politique, j’ai le bagage féministe de n’importe quelle jeune femme qui est révulsée par les articles relatant les violences faite aux femmes à travers le monde, ne supporte plus que la rue soit un territoire masculin, et estime que l’égalité entre les hommes et les femmes ne devrait plus être une utopie.

Au sujet du soutien aux activistes Eloise Bouton et Yana Zhdanova, vous avez interpellé récemment  François Hollande, que pensez-vous de sa réaction lorsqu’il affirme : «vous êtes féministe et je vous comprends» ? François Hollande a réagit avec son flegme naturel. Sa réponse est cependant lourde de sens sous ses airs de réponse politicarde toute faite. Le chef de l’Etat a donné tort à la justice et raison à notre mode d’action devant des milliers de témoins derrière leurs écrans. Ca n’est pas rien. Nous avions une question à poser au gouvernement socialiste français, nous sommes allées directement à la source et nous avons obtenu une réponse très claire. Nos apparitions topless ne sont pas des exhibitions sexuelles mais des actes politiques, c’est le Président qui l’a dit !

Selon vous, en quoi les lesbiennes oeuvrent-elles pour le féminisme ? En tant que femme homosexuelle, je suis consciente de « cumuler les mandats ». Mais si les lesbiennes sont doublement victimes de discrimination, elles doivent par conséquent être doublement révoltées et doublement déterminées à renverser ce système. C’est  donc pour moi parfaitement logique que les lesbiennes s’engagent en féminisme.

À vivre couché de Pauline Hillier (Onlit Editions) – www.onlit.net

femen.org/fr

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